Tous les ans depuis 2005, les représentants des communautés religieuses de Mulhouse accompagnés par un élu en charge des cultes éditent un calendrier interreligieux. Paul Quin, l'adjoint en charge des cultes de la Ville, témoigne de la bande santé inter-cultuelle de la Ville aux 136 nationalités.
RCF Alsace : Quelle est l'origine du calendrier interreligieux, publié depuis 20 ans par la Ville de Mulhouse ?
Paul Quin : En 2004, il y avait un forum des religions à la Société industrielle de Mulhouse. Cette réunion avec les acteurs des différentes communautés religieuses de la ville traitant du rôle des religions dans la cité appelait des prolongements. C'est ainsi qu'est née l'idée de ce calendrier interreligieux dont la première édition est sortie en 2005.
RCF Alsace : Pour la confection de ce calendrier, un thème est choisi chaque année. Sur quel critère ?
Paul Quin : Tout d'abord, les rédacteurs (représentants des 5 grandes communautés religieuses et l'élu en charge des cultes, ndlr) se réunissent et listent un certain nombre de thématiques qui pourraient être abordées, et ensuite celle à laquelle le maximum de rédacteurs sont sensibles. À ce moment-là, le thème est choisi.
RCF Alsace : Cette année a été choisi celui de la liberté. Un thème qui résonne lorsqu'on sait que plus de 365 millions de chrétiens sont persécutés dans le monde selon les chiffres de l'ONG strasbourgeoise Portes Ouvertes, que le sort des Ouïghours en Birmanie est compromis et que les actes antisémites ont été multipliés par 10 en France depuis les attentats du 7 octobre en Israël... Ce choix de la liberté comme fil rouge du calendrier 2024 : un appel ?
Paul Quin : La choix n'a pas été fait de manière conjoncturelle. Nous souhaitions surtout aborder la liberté dans le sens de "la religion émancipatrice".
RCF Alsace : Avez-vous remarqué une évolution dans le rapport entre les différentes religions et appartenance religieuse à Mulhouse ces dernières années?
Paul Quin : A Mulhouse, il y a une volonté d'acceptation commune. Depuis 20 ans, les uns se frottent aux autres, pas seulement à travers le calendrier, mais aussi à travers de beaucoup d'autres actions développées sur le territoire mulhousien.
RCF Alsace : Vous avez utilisé l'expression "se frotter". Avez-vous un rôle, notamment de médiateur, lors de différents entre communautés ?
Paul Quin : On n'a pas véritablement connu de conflit de communauté à communauté. Il s'agit parfois d'actes isolés et individuels. Il y a cependant des moments de tensions, comme actuellement en écho à l'actualité au Proche-Orient. Pour l'instant, il n'y a pas fort heureusement de traduction concrète. Lorsque quelqu'un attente à la liberté de l'un ou de l'autre, ou à son intégrité physique, si on gratte un peu derrière, il s'agit plutôt de problèmes individuels et, non pas d'un ressentiment d'une communauté envers une autre. Le problème des cultes nécessite quand même qu'on ait une attention soutenue. Mulhouse est une ville cosmopolite, avec 136 nationalités et plus de 80 lieux de culte. Donc il y a tout un ensemble sur lequel il faut veiller. Plus que médiatrice, la ville est facilitatrice, dans un certain nombre de domaines.
RCF Alsace : Vous même cumulez plusieurs fonction au sein de la mairie : vous êtes chargé de la sécurité, aux cultes et au devoir de mémoire. Comment articulez-vous ces différentes missions ?
Paul Quin : Il ne s'agit évidemment pas de porter un regard sur les religions par le biais de la sécurité, même si c'est indéniablement un enjeu. J'ai un regard très porté naturellement sur la sécurisation des lieux de culte, sans qu'il y ait forcément de menaces précises. On sait qu'il y a toujours à prendre des mesures préventives quand même.
Une exposition sur cet anniversaire est visible à la Cour des Chaînes jusqu'au 6 juin.
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