Noël est l’occasion de faire la paix avec ses proches mais aussi de tendre la main aux autres, peu importe leur croyance. En ces temps de crise sociale et de crispations identitaires, favoriser le dialogue entre les religions paraît essentiel. À l’échelle nationale comme locale, des religieux échangent quotidiennement avec d’autres confessions pour combattre l’ignorance et l’intolérance.
L’essentiel du dialogue interreligieux est d’apprendre à connaître l’autre pour faire taire la peur, présente d’emblée Jean-Dominique Durand, président de l’Amitié judéo-chrétienne : "C’est avant tout une volonté de se connaître et de se reconnaître. C’est remplacer le mépris par l’estime." Jean-Paul Tregouët, délégué aux relations avec les musulmans dans le diocèse d’Angers, distingue plusieurs niveaux d’échanges : "Le magistère de l’Église catholique en a répertorié quatre formes : le dialogue de la vie quotidienne, le dialogue des œuvres, qui correspond aux actions menées ensemble pour le bien commun, le dialogue des échanges théologiques, et le dialogue de l’expérience religieuse." Au-delà de la théorie, une grande partie du dialogue interreligieux se joue à l’échelle des croyants : "Un patriarche grec de Constantinople a dit « Églises sœurs, peuples frères ». Si les Églises se rencontrent, les peuples se rapprochent. Mais c’est avant tout la responsabilité des croyants de montrer que la religion est facteur de paix sociale", soutient Jean-Dominique Durand.
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La diplomatie religieuse se joue entre les grandes instances mais elle est tout aussi nécessaire au niveau local, comme le montre Jean-Paul Tregouët : "Grâce au Centre de rencontres et dialogues Interreligieux, nous arrivons au niveau régional à regrouper tous les croyants." Ils mettent en place des actions concrètes : "Nous avons organisé une rencontre sur le thème du rite pour comprendre comment les fidèles vivent les rites de leur religion dans leur vie quotidienne. Une autre a eu lieu sur le thème du pardon." Ils s’intéressent aussi aux jeunes en organisant des moments de partage autour de la visite de lieux de culte. Églises, synagogues, mosquées : tous les édifices sont jugés dignes d’intérêt.
Discuter avec des croyants de confessions différentes ne revient pas à mélanger les religions, souligne Jean-Dominique Durand : "Le prérequis à tout dialogue interreligieux, c’est que chaque personne sache exactement qui elle est et ce en quoi elle croit. Sinon, les discussions sont de la bouillie." Monique, une auditrice, rencontre régulièrement des voisins de confession musulmane de son quartier : "Ces moments partagés, d’une richesse rare, m’ont fortifiée dans ma foi." Rien d’étonnant pour Jean-Dominique Durand, qui commente : “Monique se sent d’autant plus chrétienne car le dialogue interreligieux renforce sa propre foi." Un constat partagé par Paul Tregouët : "L’autre nous aide à approfondir notre relation avec Dieu."
L’enseignement du fait religieux à l’école est primordial pour lutter contre l'ignorance et l'intolérance, défend Karine, une auditrice professeur de collège : "Il est essentiel de présenter aux élèves l’historique des religions, c’est une manière de les reconnecter à leur histoire et à leurs ancêtres." À l’origine de sa prise de conscience, la découverte de la plateforme interreligieuse de Genève, qui organise des moments de partage et de débat entre toutes les confessions présentes sur le territoire. Si Jean-Dominique Durand considère lui aussi que l’école doit compléter la transmission de la foi dans le cercle familial par l’enseignement du fait religieux, il alerte cependant sur les dérives du laïcisme dans les établissements scolaires : "Il y a un rejet de l’enseignement des religions. On en parle souvent sous l’angle du conflit. Dès qu’il faut en parler de manière positive, on sort la carte de la laïcité."
Le dialogue interreligieux est d’autant plus important dans une période de repli sur soi, soulève Patrick, un auditeur : "On vit ensemble mais on est déconnecté les uns des autres, notamment à cause des nouvelles technologies et des médias qui cherchent à nous désunir." C’est un constat face auquel il ne faut pas baisser les bras, insiste Jean-Dominique Durand : "La société actuelle est compartimentée, on observe un repli identitaire. Il faut continuer à agir par le tissu associatif, partager nos cultures." La ville de Lyon compte par exemple trois établissements de référence pour se cultiver sur les trois monothéismes : l’Espace culturel du christianisme à Lyon (ECCLY), l’Institut culturel du judaïsme et l’Institut français de civilisation musulmane (IFCM).
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