Que s’est-il passé après la mort de Jésus ? Comment sont nées, se sont développées et organisées les premières communautés chrétiennes ? Qui est à l’origine de leur structuration, de la sélection des Evangiles, de la rédaction d’un Credo commun à tous? Finalement, peut-on parler d’invention, comme le suggère le sous-titre de l'encyclopédie "Après Jésus"? Deux chercheuses nous répondent.
Une première communauté de disciples, puis des petits groupes, qui se mettent à proclamer un message inouï: Jésus est ressuscité, il est le fils de Dieu. "Il y a des chrétiens à partir de Jésus. Ceux qui reconnaissent dans Jésus le messie attendu se nomment ainsi, dans les Actes des Apôtres. Le terme de christianisme date, lui, des années 110, dans les lettres d'Ignace d'Antioche. Pour la chrétienté, c'est à dire les structures et la culture commune, il faudra attendre Charlemagne", souligne Marie-Laure Chaieb, spécialiste du Christianisme des premiers siècles.
Les premières communautés de Jérusalem se sentent investies de la mission d'annoncer largement cette Bonne Nouvelle, qui se répand. Puis arrive Paul de Tarse: ancien persécuteur de disciples de Jésus, il se convertit soudainement et part dans de grands voyages pour annoncer le message. "Il n'y a pas de mode d'emploi pour fonder des communautés, Paul arrive, travaille et annonce. Petit à petit des gens se convertissent" souligne Chantal Reynier, bibliste. "En revanche, il y a une stratégie de Paul dans le choix de ses destinations: il vise les mégalopoles de l'époque".
La croyance en Jésus ressuscité connaît un essor rapide dans ce premier siècle. Les communautés tâtonnent, partent des habitudes des personnes qui se convertissent, trouvent chacune leur mode de fonctionnement. Au départ du missionnaire, un sage est nommé pour veiller sur la communauté. "C'est pragmatique. On se pose des questions théologiques, mais aussi très concrètes: quel jour jeûner, à quels moments prier le Notre-Père, par exemple" expliquent les deux chercheuses, qui ont contribué à l'ouvrage collectif Après Jésus.
Les lettres de Paul répondront aux questions des communautés. Puis, aux premiers siècles, ceux qu'on appelle aujourd'hui les Pères de l'Eglise. Alors peut-on parler d'invention? "On invente pas le christianisme: on le reçoit! Mais Bonne Nouvelle est toujours nouvelle pour aujourd'hui. Notre lecture des écritures doit nous incité à chercher du neuf" assume Chantal Reynier. "En tous cas, le christianisme n'est pas tombé tout cuit: il s'est fait. Mais jamais sans l'Esprit Saint!" conclut Marie-Laure Chaieb.
Cette émission spéciale Vitamine C Les Débats a été enregistrée en public à la Maison du Diocèse d'Annecy, en partenariat avec le Service de Formation du Diocèse d'Annecy, la bibliothèque de sciences religieuses et la Maison du Grand Pré.
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