En cette rentrée, le CHRU de Nancy sensibilise au don de gamètes, en écho à la campagne nationale lancée début septembre par l’agence de la biomédecine. Objectifs : aider les familles confrontées à des problèmes de fertilité et leur offrir un temps d’attente moins long pour accéder à la parentalité. Le Docteur Mikaël Agopiantz est spécialiste de gynécologie médicale et de médecine de la reproduction au CHRU de Nancy.
Qu’est-ce que le don de gamètes ?
Le don de gamètes - spermatozoïdes et ovocytes - se pratique dans les centres d’assistance médicale à la procréation. Il permet à des couples ou des femmes célibataire d’accéder à la parentalité lorsqu’un ou plusieurs gamètes sont manquants. Les seuls critères pour donner, c’est d’être en bonne santé, d’avoir entre 18 et 45 ans lorsqu’on est un homme et entre 18 et 38 lorsqu’on est une femme. Pour faire un don, il faut se tourner vers un centre de procréation médicalement assistée. En Lorraine, il est possible de faire un don de spermatozoïdes au CHRU de Nancy. Pour le don d'ovocytes, il y a le CHRU de Nancy et le CHR de Metz-Thionville.
Pourquoi le CHRU de Nancy lance-t-il un appel au don de gamètes ?
Nous n’avons pas assez de dons en France. Mais c’est assez chronique. Ce n’est pas spécifique au don de gamètes. Les dons de sang, de plaquettes ou de moelle osseuse sont aussi concernés. C’est une problématique très française, en partie par manque d’informations. C’est pourquoi nous lançons cet appel. Pour continuer à aider les personnes qui en ont besoin. Dans notre centre de Nancy, nous gardons tout de même un délai inférieur à la moyenne nationale. C'est-à-dire moins d’un an d’attente. Mais c’est déjà très long.
La crise sanitaire a-t-elle amplifié la baisse des dons ?
Non, cela a toujours été ainsi. Les pays qui n’ont pas de problèmes de délai et d’accès sont ceux qui ont choisi une réglementation différente. Notamment, ils dédommagent les donneurs. Et la plupart ont levé complètement l’anonymat. Je suis convaincu que le dédommagement est une bonne chose. Quelques centaines d’euros pour donner ses gamètes n’est pas une aliénation ou une marchandisation du corps. C’est plutôt une forme de reconnaissance et de remerciement de la part de la société.
En France, comment a évolué la loi concernant le don de gamètes ?
Un décret est paru au 1er septembre 2022, concernant l’accès aux origines. Ce n’est absolument pas une levée de l’anonymat, puisque les donneurs n’ont pas connaissance de qui va recevoir le don et inversement. En revanche, un enfant issu d’une PMA avec don peut demander, à sa majorité, d’avoir accès à ses origines. Il fait la demande auprès d’une commission du ministère de la Santé. Pour toutes les personnes qui sont nées de tentatives avant la date du 1er septembre 2022, l’accès aux origines ne pourra avoir lieu que si le donneur peut être contacté et qu'il est d’accord. Pour les tentatives qui auront lieu à partir d’une date qu’on ne connaît pas encore, l’accès aux origines sera un droit plénier. Actuellement, c’est un droit potentiel.
Que pensez-vous de cette évolution ?
C’était une demande de la majorité des enfants issus du don qui se sont constitués dans plusieurs associations, notamment PMAnonyme qui s’est battue pour obtenir ce droit. En voyant les différents systèmes à l'international, j’étais personnellement plutôt pour une levée totale de l'anonymat, avec des liens qui auraient pu se construire directement entre les personnes qui reçoivent et celles qui donnent. On voit à l'international, que ce sont de belles histoires qui émergent, loin de l’intérêt financier du don. Par ailleurs, les pays qui ont levé l’anonymat n’ont pas moins de donneurs.
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