Quand la Chine éternue, le monde s'enrhume. Le coronavirus, dont l'épidémie qui s'étend est partie de Chine, met à mal l'économie de ce pays. Face au virus, le gouvernement chinois a pris des mesures radicales, qui pèsent sur la croissance du pays. Le bilan de l’épidémie a atteint 636 morts en Chine continentale. Les autorités prennent des mesures drastiques pour éviter que le coronavirus ne se propage encore plus. La Chine vit donc au ralenti et ce n’est pas sans conséquence sur la consommation et l’économie.
Les images de la Chine qui nous viennent à l’esprit ressemblent plutôt à des boulevards remplis de voitures, un flot discontinu de Chinois qui vont et viennent bercés par le bruit de la ville en activité. Depuis 15 jours, pour éviter que le coronavirus ne se propage, des millions de Chinois sont au chômage forcé, cloîtrés chez eux, les usines sont fermées, les réseaux routiers bloqués et pour les Français qui travaillent en Chine, le tableau est tout simplement surréaliste. C'est ce que décrit Benjamin Devos sur RCF. C’est le patron de "Comptoirs de France", une chaîne de boulangerie-pâtisserie. Il habite à Pékin.
Cet entrepreneur français travaille en Chine depuis 15 ans. Il a fondé les boutiques Comptoirs de France, une quinzaine de boulangeries et de coffee shop dans toute la Chine dont Pékin. Benjamin Devos emploie deux cent personnes et pour lui l’effet coronavirus commence à se faire sérieusement ressentir sur l’activité de son entreprise. Les PME sont donc fragilisées, la consommation chinoise est à l’arrêt, c’est pourtant l’un des moteurs de la croissance.
Les mesures de confinement pour tenter de contenir le coronavirus asphyxient littéralement la consommation chinoise. Les centres commerciaux et les cinémas sont fermés, les restaurants désertés. De nombreuses compagnies aériennes ne desservent plus la Chine et des milliers de trains sont annulés. Selon l’agence Standard & Poor's, lors du congé du Nouvel An cette année, le nombre de passagers chinois, tous modes de transports compris, a chuté de 70% par rapport à l'an dernier.
Par ailleurs, les ménages chinois avaient dépensé en 2019 plus de 1.000 milliards de yuans (soit 130 milliards d'euros) durant les vacances du Nouvel An. Ce qui ne sera pas le cas cette année. Pour Marie-Françoise Renard, économiste, spécialiste de la Chine professeur à l’université Clermont-Auvergne, ce ralentissement de la consommation pourrait bien amputer la Chine d’une partie de sa croissance. C’est ce qu’elle a confié à Etienne Pépin sur RCF.
Outre la consommation, le secteur manufacturier qui représente un tiers de l’économie chinoise, est lui aussi touché de plein fouet, notamment les nombreux constructeurs automobiles dont l’activité est au point mort. Production manufacturière et consommation à l’arrêt. Autant de facteurs qui pourraient bien faire chuter la croissance chinoise mais aussi impacter le reste de l’économie mondiale.
L’an dernier, la Chine a connu une croissance de 6,1%, sa plus faible croissance depuis trente ans. Mais cette année les économistes commencent à revoir à la baisse leurs prévisions. "L'impact économique pourrait dépasser" celui de l'épidémie de Sras selon les analystes de Goldman Sachs. Ils misent sur une croissance chinoise de 4% au 1er trimestre, contre 5,6% précédemment. Pour Oxford Economics, la croissance pourrait tomber à 5,4% sur l'ensemble de l'année. De quoi faire chuter l'économie mondiale car la Chine représente désormais environ 17% du PIB mondial, contre 4% à l'époque du Sras en 2002.
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