Depuis tout juste 4 mois le Centre hospitalier Émile-Roux (Cher) du Puy-en-Velay met en place un filtrage la nuit pour pallier le manque de personnel. Une partie de ces filtrages affecte l'activité du Service d'incendie et de secours (SDIS) de Haute-Loire. Certains patients doivent être transportés dans d'autres hôpitaux.
Il avait été instauré au départ quelques week-end. Depuis le 24 juin dernier, le filtrage de nuit des urgences du Centre hospitalier Émile-Roux du Puy-en-Velay est en place et doit normalement prendre fin le 5 novembre prochain. Depuis 4 mois, il faut contacter le 15 pour être pris en charge par les urgences entre 18h30 et 7h30 du matin. Pour ceux qui viennent sur place, un interphone permet le filtrage.
Il existe 2 types de filtrages, un "modéré" qui est tout le temps en place et un "fort" qui lui est plus restrictif. Il est mis en place quand il n'y a plus de médecin derrière la porte des urgences. La prise en charge s'effectue par le SMUR ainsi que par un anesthésiste-réanimateur. Cette dernière situation affecte l'activité du SDIS de Haute-Loire.
Depuis le 1er janvier, le filtrage "fort" a été sollicité à 18 reprises. Cela implique qu'il n'y a plus que les urgences obsolues qui sont acceptées aux urgences. Les pompiers doivent alors transporter les victimes avec une moindre gravité dans d'autres hôpitaux de Haute-Loire et d'autres départements. Cette situation a été observée à 12 reprises selon la direction du Cher. Il a donc fallu faire le transport jusqu'à Brioude, Firminy et Saint-Étienne mais aussi plus loin. Certains patients se sont retrouvés à Valence ou Aubenas. "Mende a été envisagé mais on n'en a pas fait" selon le Colonel Frédéric Robert, directeur du SDIS de Haute-Loire.
Les délais d'intervention sont alors "considérablement rallongés. Le moyen de secours qui est dédié à cette mission n'est plus disponible sur son secteur de 1ère intervention pour un délai plus long". Les effectifs sont essentiellement des volontaires. "Quand un pompiers volontaire est amené à quitter son emploi sur un temps multiplié par 2, 3, voire 4, ça a un impact très fort ensuite sur sa soutenabilité".
Bien évidemment cela affecte aussi directement le patient. Aucune perte de chance n'a été constatée mais "le retard de prise en charge peut avoir un impact sur la prise en compte de la douleur. Le délai d'arrivée à l'hôpital est plus long. Le temps de souffrance peut être plus important". Les hôpitaux dits de "débords" sont eux aussi concernés par une certaine saturation. Les camions de pompiers doivent également faire la queue car ils sont plus nombreux à venir. Le temps d'attente pour le patient se rallonge de fait. Cela a aussi un coût pour le SDIS.
Le Centre hospitalier Émile-Roux se voit contraint de mettre en place ce type de filtrage en raison du manque de personnel. Son directeur par intérim affirme essayer en "permanence d'éviter les tensions sur les partenaires. Mais dans ce cas il n'y a pas d'autre solution". Ce problème reste "mineur" pour Cédric Ponton, mais "je comprends l'inquiétude et il faut surveiller".
Les discussions entre hôpital et SDIS sont régulières et pour tenter d'améliorer la situation, une initiative vient d'être testée. L'hôpital a prépositionné une ambulance de garde supplémentaire. En cas de filtrage "fort" et d'intervention sur un cas léger, cette ambulance pourrait transporter le patient dans un autre établissement, "ce qui permet de ne pas mobiliser le SDIS". Le dispositif a été testé il y a quelques jours, un jour où il n'y a pas eu pour finir besoin.
Les sapeurs-pompiers proposent également que les maisons médicales entrent dans la boucle. Elles pourraient accueillir les blessés légers. Elles "ne sont, à ce jour pas intégrées au dispositif d'accueil" selon le Colonel Robert. "Une victime atteinte d'une plaie légère nécessitant quelques points de suture pourrait très bien être prise en charge par un cabinet médical auprès duquel les sapeurs-pompiers l'auraient transporté". Pour le Colonel ce "dispositif mériterait d'être développé".
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