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Le grand débat est lancé…

RCF,  - Modifié le 16 janvier 2019
François Ernenwein vous propose son analyse politique.
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Hier Emmanuel Macron était dans l’Eure accompagné de Sébastien Lecornu et Emmanuelle Wargon qui , au sein du gouvernement, sont chargé de l’animation des échanges. Le chef de l’Etat a vu des élus du département et croisé quelques habitants. Tout s’est, semble-t-il, bien passé. Mais des questions demeurent. La lettre d’Emmanuel Macron aux Français et son tour programme de communes dans les treize grandes Régions peuvent-ils bouleverser la donne politique ? Ouvrent-ils un horizon face aux nombreuses questions posées par le mouvement des "gilets jaunes" ?  En tout cas, tout cela fixe - en conformité avec les annonces précédentes- le cadre du grand débat ­national.

Quelles sont les marges de manœuvre pour le gouvernement ?

Évaluons un instant le rapport de force. Le samedi 12 janvier a douché les espoirs de ceux qui pariaient sur une dilution d’un mouvement abîmé par des violences répétées et ses divisions manifestes. Les unes ont été contenues en partie par la vigilance d’un service d’ordre « gilets jaunes ». Les autres ne sont ni pires ni moindres qu’au début du mouvement qui rassemble, on le sait bien, autant de carpes révoltées par l’injustice que de lapins extrémistes. Constatons avec les incertitudes sur la méthode du grand débat national, que l’exécutif n’y entre pas en très bonne position.

La lettre du président ou ses déplacements ne changeront peut-être pas grand-chose au fond de l’affaire ?  

Le chef de l’État s’appuie certes sur toute la légitimité d’un pouvoir élu, sur la force que lui donne une majorité écrasante à l’Assemblée nationale et sur le soutien de tous ceux qui, en France, refusent le désordre. Et sur la conviction partagée que son ambition réformatrice est la bonne. Mais il lui manque dans ce contexte précis, à cause de ses errements passés, la crédibilité nécessaire pour convaincre qu’il va vraiment lutter contre les fractures sociales et territoriales en France. D’où le fort scepticisme que sa lettre et ses voyages n’éteindra sans doute pas. La charge de la preuve appartient donc à l’exécutif.
Par la qualité de son écoute et par des engagements dans la prise en compte de ce qui va s’exprimer, Emmanuel Macron peut encore parvenir à sortir son mandat de l’étau de la puissante contestation et des lourdes contraintes budgétaires. Il faut effectivement transformer "les colères en solutions", comme il l’a suggéré.
 

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