Les diocèses de France ont jusqu'à la fin de l'été 2023 pour mettre à jour leur base de données et délivrer aux prêtres et diacres une nouvelle version du celebret. La carte d'identité des clercs s'appuie désormais sur un QR code pour informer si un prêtre est apte ou non à célébrer la messe, ou à délivrer un sacrement. Une mesure prise dans le contexte de la crise des abus et des agressions sexuelles que traverse l'Église catholique.
La Conférence des évêques a annoncé ce mercredi 10 mai que le nouveau celebret sera opérationnel d’ici l’été 2023, pour les 18.000 prêtres et diacres français. C’est l’une des mesures décidées lors de l’assemblée plénière des évêques en novembre 2021 après la publication du rapport de la Ciase.
Il a la forme d’une carte bancaire. Le celebret, valable un an, mentionne pour son propriétaire son nom et sa date d’ordination, accompagnés de sa photo. Et d’un QR code : une fois scanné, celui-ci révèle quelle est la situation du prêtre ou du diacre par un code couleur. Vert : il peut célébrer tous les sacrements ; orange : le clerc est soumis à des restrictions ; rouge : interdiction de célébrer un sacrement. Si la couleur affichée est orange, pour afficher le détail des droits et habilitations dont dispose le prêtre, un code confidentiel permet d’accéder à la liste des sacrements que le clerc a ou non le droit ou non de célébrer.
Cette version moderne du celebret doit pouvoir être utilisée partout en France avant la fin de l’été 2023. Chaque diocèse a donc quelques mois pour compléter sa base de données. Le droit canonique prévoit que celle-ci soit mise à jour chaque année. Et en temps réel, en cas de sanction. "Dès qu’il y a une sanction, inévitablement le diocèse, l’évêque, le chancelier, le vicaire général, met à jour la base de données, c’est indispensable, ça ne souffre pas d’attendre", souligne Mgr Alexandre Joly, évêque de Troyes et porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF).
Les personnes qui ont été victimes, elles ne peuvent pas comprendre que celui qui a posé des actes graves puisse continuer à célébrer
Il s’agit d’une mesure prise à l’égard des fidèles, dans le contexte de la crise des abus et agressions sexuelles que traverse l’Église. On se souvient notamment de l’affaire Santier. L’évêque émérite de Créteil, accusé d’abus spirituels à des fins sexuelles et mis en cause par le Vatican en octobre 2021, avait été invité à célébrer la messe chrismale à Créteil en 2022. Ce qui a beaucoup choqué notamment les fidèles… "Les personnes qui ont été victimes, elles ne peuvent pas comprendre que celui qui a posé des actes graves puisse continuer à célébrer", explique Mgr Alexandre Joly.
L’objectif du celebret est donc de "pouvoir certifier" que le clerc "est apte à célébrer" une messe ou à délivrer des sacrements. Mais "la finalité n’est pas de contraindre ou de mettre des limites", assure le porte-parole de la CEF, qui rappelle que cette mesure répond à "ce que le droit canonique demande". Mgr Joly rappelle que le celebret permet aussi de protéger les prêtres qui, dans "la grande majorité", "ne sont pas des personnes dont il faudrait se méfier". "Le fait que certains prêtres ont commis des choses graves ne doit pas jeter la suspicion sur l’ensemble des prêtres", prévient Mgr Joly.
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Remis au clerc au jour de son ordination, le celebret existe depuis le Moyen Âge. Il s’est formalisé après le concile de Trente au XVIe siècle. Il a d’abord pris la forme d’une lettre de mission, avant de ressembler au permis de conduire en carton. "On n’est pas ne train d’inventer quelque chose de nouveau", rappelle donc Mgr Joly, qui admet : "Notre manière de faire était un peu artisanale !"
Si l’usage du celebret est courant dans certains pays, ce n’est pas encore le cas en France. "Il faut petit à petit que l’habitude se mette en place", admet le porte-parole de la CEF. L’été sera le moment favorable pour utiliser le celebret, surtout dans les sanctuaires "où il y a le plus de prêtres qui viennent que l’on ne connaît pas" ou lors de rassemblements comme les JMJ, qui auront lieu à la fin du mois de juillet à Lisbonne. Le celebret délivré en France est d'ailleurs international. Les informations sont disponibles en trois langues - français, anglais et latin - afin de permettre aux prêtres séjournant à l’étranger dans le cadre de pèlerinages ou de rassemblements de célébrer en toute légitimité.
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