Le pape François a rencontré ce mercredi matin des familles d'otages israéliens et des familles palestiniennes. Le saint père s’est ému du sort des deux peuples qui souffrent : « j'ai entendu comment ils souffrent tous les deux. Mais ici, nous sommes allés au-delà des guerres, ce n'est pas la guerre, c'est le terrorisme ». Il a exhorté à prier pour la paix.
"Ce matin, j'ai reçu deux délégations, l'une d'Israéliens dont des membres de la famille sont otages à Gaza, l'autre de Palestiniens dont des membres de la famille sont emprisonnés en Israël", a expliqué le pape François à l’issue de l’audience place Saint-Pierre. Encore une fois, comme il le martèle depuis le 7 octobre il a appelé à la paix : "S'il vous plaît, allons de l'avant pour la paix, prions pour la paix, prions beaucoup pour la paix, que le Seigneur y mette sa main, qu'il nous aide à mettre de côté les passions, qui à la fin, tuent tout le monde. Prions pour le peuple palestinien, prions pour le peuple israélien, pour que la paix arrive."
Nos confrères de Radio Vatican ont recueilli le témoignage d’Ishaïe Dan. Ce franco-israélien a perdu sa belle-sœur et une petite nièce, égorgées par le Hamas. Trois personnes de sa famille font partie des otages aux mains du groupe islamiste dans la bande de Gaza. Il vit dans l'angoisse du sort de ses proches et l'espoir qu'une solution puisse être trouvée. Il se dit heureux que le pape puisse partager la douleur des familles d'otages.
La vie des otages est plus importante que de continuer la guerre
"On continue à être contre ce que fait l'armée israélienne à Gaza. Mais après, on ne sait pas exactement ce que font les autres qui essayent de nous aider. On ne sait pas. On est très en colère. J’ai l’habitude que notre Premier ministre nous mente. Je sais que quand il dit quelque chose, cela peut être le contraire, mais cette fois, c’est une question de vie ou de mort pour les enfants, pour les petits enfants de mon frère. La vie des otages est plus importante maintenant que de continuer la guerre contre le Hamas. Le Hamas ce n’est pas des musulmans, le Hamas ce n’est pas des êtres humains, c’est des machines à « hacher la viande des êtres humains ». J'ai peur pour ma Sahar, qui a 16 ans et qui est là-bas. C’est des choses affreuses."
Dans ce contexte, l’engagement diplomatique du Saint-Siège est particulièrement délicat. Depuis le 7 octobre, le pape François multiplie les appels à la paix et au cessez-le-feu. Il appelle à la libération des otages Israéliens, mais aussi à l’ouverture de couloirs humanitaires dans la bande de Gaza. C’est bien pour cela que le pape a souhaité rencontrer des Israéliens et des Palestiniens.
Comme il en a l’habitude, comme il l’a fait pour le conflit russo-ukrainien, il veut maintenir le dialogue avec les deux partis. Son engagement se veut avant tout "humanitaire" et surtout pas politique. François Mabille est chercheur au CNRS et directeur de l’Observatoire géopolitique des religions à l'IRIS explique sur notre antenne le positionnement difficile du pape : "Il faut éviter pour le pape de prononcer des paroles qui pourraient être mal interprétées. Il s’agit de trouver le meilleur positionnement sans donner l’impression de mettre en balance des crimes terroristes fondés sur des actes de barbarie avec les souffrances des crimes subis par les Palestiniens." Le pape est sur cette ligne de crête et c’est pour cela qu’il focalise son attention sur la souffrance des populations, il se positionne par rapport à des crimes, par comparaison.
Le pape préfère insister sur la dimension humanitaire de son geste
C’est un exercice qui est extrêmement difficile : "À la fois condamner les actes de barbarie commis par le Hamas, et en même temps rappeler que le siège total de Gaza n’est pas conforme au droit de la guerre et que la manière dont Gaza est bombardé n’est pas conforme non plus au droit international. Le pape essaie de se situer par rapport à cela d’où le fait qu’il a voulu éviter la dimension politique même si le fait qu’il reçoive des familles des deux coté a une dimension politique. Mais le pape est conscient des difficultés de prendre la parole dans ce contexte passionnel et dramatique. Il connait aussi les limites de son action. Le Saint Siège a peu de moyen d’où le fait que le pape préfère insister sur la dimension humanitaire de son geste."
Le pape François qui garde un lien permanent avec la communauté catholique de Gaza. Il appelle très régulièrement le curé de Gaza et entretient le contact avec le cardinal Pierbattista Pizzaballa, le patriarche latin de Jérusalem. À Gaza, vivent environ 1.000 chrétiens. Ils étaient encore 7.000 en 2007. Le pape s’inquiète de leur disparition de Terre sainte.
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