Au Japon, on recense 450.000 catholiques sur 126 millions d’habitants. C’est à peine 0,5% de la population. Les premiers missionnaires catholiques sont arrivés au pays du Soleil Levant au XVIème siècle. Le pays a connu plusieurs vagues de persécutions et s’est entièrement fermé à l’étranger jusqu’à 1853.
Dans ce pays bouddhiste et shintoïste, ultra-sécularisé, marqué par un fort consumérisme et un taux de suicide particulièrement élevé, les catholiques japonais attendent beaucoup de la visite du pape François. Mais ces attentes pourraient être douchées par une organisation millimétrée de l’évènement. Les autorités japonaises tout comme l’épiscopat ont prévu de bien cadrer, contrôler cette visite du pape quitte à aller à l’encontre des propres intentions du Saint Père qui vous le savez aime bien aller sur le terrain au contact de la population.
Et si le pape François n’aura pas de latitude pour aller sur le terrain, cette visite au Japon sera sous le signe de la protection de la personne humaine et de l’environnement. Le pape rencontrera les victimes du séisme et du tsunami de 2011, une catastrophe naturelle amplifiée par l’accident nucléaire de Fukushima. Le discours du pape, lundi matin, aux victimes des "trois désastres" sera ici écouté avec une grande attention, comme ce qu’il pourrait dire d’ailleurs sur la peine de mort qui bénéficie d’un large consensus dans le pays.
Le temps fort de ce voyage se déroulera dimanche, à Nagasaki et Hiroshima, les deux villes martyres de la Seconde Guerre Mondiale où furent larguées en 1945, deux bombes atomiques. Un lieu particulièrement symbolique puisqu'Hiroshima et Nagasaki sont les deux seuls lieux où l’arme nucléaire a été employée. Le pape prononcera dimanche à Nagasaki un message sur les armes nucléaires avant de se rendre à Hiroshima pour une rencontre interreligieuse pour la paix. Une déclaration scrutée de près au Japon mais aussi dans le monde entier.
En septembre dernier à l’ONU, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, avait réaffirmé la position du Vatican en faveur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. "Le Saint-Père ne manquera pas de lancer un appel aussi vigoureux que possible" en faveur de l’élimination totale des armes nucléaires. Il faut dire qu’en 2017, la signature et la ratification de ce traité par le Saint-Siège avaient bousculé les chancelleries occidentales, notamment à Paris et Londres où l’on défend un désarmement progressif dans le cadre du Traité de non-prolifération.
Protéger la vie, c’est aussi promouvoir la paix. C’est donc le thème de cette visite du pape François au Japon 38 ans après celle de Jean Paul II et 74 ans après les bombardements de Nagasaki et Hiroshima, les bombes atomiques américaines qui firent respectivement 74.000 morts et 140.000 morts sur le coup et dans les mois suivants. "Le Japon est conscient de la souffrance causée par la guerre", a déclaré le pape dans un message vidéo adressé aux Japonais. Il a appelé au "respect mutuel" qui "conduit à une paix sûre" qu'il faut défendre "avec les dents".
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