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Le passé alerte le présent : 200 collégiens du Rhône en voyage mémoriel au Camp des Milles à Aix-en-Provence

Le passé alerte le présent : 200 collégiens du Rhône en voyage mémoriel au Camp des Milles à Aix-en-Provence

Un article rédigé par Thierry Weber - RCF Lyon, le 14 février 2025 - Modifié le 14 février 2025
Tempo · Le podcast d'actualité de RCF Lyon« Plus jamais ça » : des collégiens rhodaniens en visite aux Camp des Milles

Pour la troisième année consécutive, le département du Rhône organisait cette semaine un voyage mémoriel avec 200 collégiens. Si les deux premières éditions étaient organisées à Auschwitz-Birkenau, en Pologne, le choix a été fait cette année de se déplacer à Aix-en-Provence, dans un lieu peu connu du grand public : le Camp des Milles, seul camp français d'internement, de transit, puis de déportation de juifs, encore intact aujourd’hui.

200 collégiens rhodaniens en voyage mémoriel au Camp des Milles à Aix-en-Provence - © CD69 - Fabrice Schiff200 collégiens rhodaniens en voyage mémoriel au Camp des Milles à Aix-en-Provence - © CD69 - Fabrice Schiff

Se souvenir, faire son travail de mémoire : des mots qui résonnent dans toutes les têtes, 80 ans après la Libération et la découverte des camps de la mort d'Auschwitz-Birkenau. Faire un travail ou un devoir de mémoire, c'est aussi apprendre et regarder en face, ce qu'il s'est passé ici, chez nous en France.

Un lieu différent, au cœur de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale

C'est dans cette ancienne usine de fabrication de tuiles, devenu camp d'internement à la fin des années 30, que les élèves de troisième de six lycées du Rhône ont pu découvrir de leurs propres yeux une part encore trop méconnue de l'Histoire : « Quand on est à Auschwitz, c'est vrai que l'on est écrasé par les lieux, par ce qu'il s'est passé, par les images [...] ici, il y a quand même eu 2 000 personnes parties de ce camp, et on se rend compte qu'elles ont vécu ici dans les conditions infâmes », précise Jean-Jacques Brun, vice-président du département en charge de la Mémoire, qui a organisé le voyage mémoriel.

La faim, le froid, les maladies ont été subies ici par plus de 10 000 personnes entre 1939 et 1942. Au Camp des Milles sont d'abord emprisonnés des opposants politiques, puis le lieu devient un camp de transit. Entre août et septembre 1942, le site du hameau des Milles se transforme en un lieu de déportation vers Auschwitz pour plus de 2 000 hommes, femmes et enfants juifs.

À 14 ans, Tessa est en classe de 3e au collège des Pierres Dorées à Val d'Oingt :

On n'a pas à faire vivre ça à des innocents, à les laisser dans le froid, entassés, avec un manque d'hygiène [...] même si on n'a pas la même religion, la même couleur de peau, on est tous égaux

Un sentiment d'injustice partagé par ses camarades, qui étudient cette année l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, de la résistance à la collaboration. Une période pas toujours facile à décrypter et analyser : « Ce qui s'est passé en Pologne, avec les films, les séries, les élèves connaissent... Mais tout ce qui est lié à l'histoire locale, et à la responsabilité de la France, les élèves la connaissent très mal », précise Margaux Pierre, professeure d'histoire à Val d'Oingt.

Un lieu de mémoire, mais aussi d'éducation et de sensibilisation

C'est justement la responsabilité de la France qui est mise en avant au camp d'Aix-en-Provence. La responsabilité du gouvernement de Vichy : « C'est Vichy et le Maréchal Pétain qui ont décidé d'interner et de déporter des femmes et des enfants juifs [...] ici il n'y avait pas de nazis, c'était la zone libre en 1942 », précise l'une des guides du site devant un groupe de collégiens circonspects. Une responsabilité et des actes commis par Vichy que commente Noan, 14 ans : « C'est pas comme on pense, que la France n'a rien fait [...] et ça, je ne voudrais pas oublier ».

Pour ne pas oublier et rendre ce travail pertinent pour les élèves, le site-mémorial du Camp des Milles a consacré un large volet de son exposition à la sensibilisation et à l'éducation, pour faire le lien entre les préjugés, le racisme et le risque potentiel de génocide, de crime de masse d'un peuple ou d'une ethnie en particulier : « Dans l'ADN du site, il y a cette idée qu'il ne suffit pas de raconter l'Histoire, aussi tragique soit-elle, pour qu'elle nous protège aujourd'hui et encore moins demain », précise Alain Chouraqui, le président de la fondation du camp.

Pour cela, les élèves ont suivi des ateliers sur le thème des discriminations, du racisme et de l'antisémitisme en lien avec les différentes génocides du 20e siècle. Si certains ont pris l'engagement de mieux se comporter, d'arrêter d'insulter et de mieux respecter leurs camarades, tous ont pris l'engagement de ne pas oublier, jamais.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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