Aujourd’hui nous parlons de la COP24 qui s’achève à Katowice, avec un peu de déprime mais aussi de l’espérance.
Oui, un peu de déprime parce que trois ans après le résultat positif de la COP21 avec les accords de Paris, on en est seulement à se féliciter de s’être vaguement mis d’accord sur la mise en œuvre, on recule encore le jour des grands changements alors que bien sûr, le temps presse. Les effets du dérèglement sont sur nous et les retours des participants, côté négociateurs et chargés de plaidoyer, sont assez pessimistes. Le dernier rapport du GIEC nous laisse encore une chance d’échapper au +3°C à condition de réduire presque de moitié, le plus vite possible, nos émissions de carbone, et encore, il table aussi sur la mise au point dans l’avenir de techniques de captation du carbone qui n’existent pas encore. Donc là, il faut bien le dire, l’avenir, ça risque d’être la rôtissoire.
Et pourtant vous vouliez nous parler d’espérance !
Oui, parce que si les chefs d’Etat ne bougent pas, les peuples bougent ! Dimanche j’ai eu l’occasion de retrouver Sébastien Dumont, membre de l’association drômoise Oeko-logia qui a participé au pèlerinage pour le climat, qui a mené plusieurs dizaines de pèlerins de Rome à Katowice. Cette marche est organisée par Yeb Saño, l’ancien négociateur climatique pour les Philippines, qui avait déjà fait la même chose à Paris en 2015. Et ces pèlerins, qui venaient du monde entier, sont porteurs d’espérance par ce dont ils témoignent. Ils demandent la justice climatique, c’est-à-dire que les efforts de chaque pays soient proportionnés à sa contribution actuelle au dérèglement climatique.
Ils sont des milliers à marcher pour la justice climatique aux Philippines ou en Inde, et ça on n’en entend pas parler. Sébastien Dumont a eu ce mot magnifique : "dans ces pays, l’écologie, c’est une bonne nouvelle". C’est-à-dire que c’est une voie vers un développement juste, qui ne connaisse pas les impasses où nous sommes. Nous devons sur certains points revenir en arrière. Pour eux, il s’agit d’avancer, mais autrement.
Est-ce que cela veut dire que nous avons le rôle des méchants pollueurs qui doivent faire leur mea culpa ?
Oui en partie, mais pas que. Nous sommes responsables de ce que nous avons fait, les autres pays aussi, et nous sommes tous responsables de ce que nous allons faire maintenant. Et il ne faut pas se leurrer, les gouvernements de puissances émergentes risquent de vouloir abuser du terme justice climatique pour obtenir du poids politique. Alors revenons à l’humain, revenons aux peuples : rechercher véritablement cette justice, ce développement respectueux de l’homme et de toute la Création, il se bâtira au plus près du terrain, avec les peuples plus qu’avec les puissants. Alors laissons-nous enseigner par les peuples plus pauvres, recherchons nous aussi cette justice avec eux, voilà un beau chemin à l’approche de Noël.
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