Mardi, le président de la République a visité une école primaire à Poissy.
Il est arrivé un masque sur le visage, ça a fait rire les enfants, il y en a même
un qui a demandé « c’est qui ? », Emmanuel Macron a baissé son masque, a souri,
s’est installé à côté de la maitresse, il a échangé avec les élèves…
Cette scène, tout
le monde l’a vue. Une caméra était là. Un photographe aussi, c’est IAN LANGSDON
de l’Agence France Presse.
C'est image c'est un gros plan, un plan américain, plus exactement.
Le président occupe tout l’espace de la photo, mais il est cadré juste en dessous de la poitrine.
Il est au premier plan, il regarde au loin, il regarde les enfants sans doute, mais ils ne sont pas dans le cadre.
Il a l’habit élégant qui le rattache à sa fonction, un beau costume bleu, une chemise
très blanche, au col raide, bien repassé, une cravate sombre.
Il a aussi et surtout un masque de protection sur le visage, bleu, avec en tout petit, le drapeau français.
C'est la bonneterie Chanteclair, basée à Saint-Pouange dans l'Aube qui lui a confectionné.
C’est un masque assez impressionnant, car il est parfaitement opaque et il lui mange toute la
moitié inférieure du visage, il descend en dessous du menton. Il remonte même
assez haut sur le nez. Il y a un côté Star Wars dans cette image – mais je dis ça
peut-être parce que je suis confiné avec deux ados…
Au deuxième plan, derrière lui, il y a un tableau noir. Dessus, sont accrochées des photos avec des aimants, une
phrase est écrite à la craie.
C’est le décor parfait : un tableau cela dit immédiatement l’école.
C’est d’autant plus parfait que le tableau est posé devant une baie vitrée, du
coup, la photo est tout de même lumineuse. On devine derrière des arbres, du soleil.
Le même tableau devant un mur défraichi, ça aurait pu provoquer une sensation
d’enfermement. Là, ça respire…
Et ce qui est amusant, David, c'est le nom de la leçon du jour : « à l’école d’autrefois ».
C'est écrit en gros, avec une belle écriture avec des pleins et des déliés, en anglaise.
Et sur les photos accrochés, on devine des bancs en bois, des enfants en blouse… Un décor du passé.
Encore une fois, c'est le contraste qui amuse.
Ce sont les photographes que ça amuse aussi. Ce sont eux qui cherchent ces
antagonismes qui donnent du sel à leur image. Et là, le photographe de l’AFP met
ainsi en parallèle le présent dans ce qu’il a de plus inédit : un président se balade
avec un masque sur le visage. C’est du jamais vu. Avec le passé révolu, la France
telle qu’elle était et telle qu’elle n’est plus : celle des blouses, des pupitres en bois.
Et puis, il y a enfin un geste. Le président n’est pas statique face à ce contraste. Il a les
deux poings serrés, les bras pliés. Ils ramènent ces poings contre la poitrine, comme
pour dire qu’il faut se battre, qu’il faut rester combatif.
Si le contraste rappelle l’inédit de la situation, ce geste nous dit que ce n’est qu’un combat comme notre pays en a
connu plein d’autres.
Et la photo nous suggère que celui qui incarne la République, la Nation, est prêt à le relever.
Bah nous aussi…
Chaque vendredi dans la Matinale RCF, David Groison commente une photo de presse.
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