Il milite depuis plusieurs années pour la création d'un revenu universel. Homme politique, ancien ministre et candidat socialiste à l'élection présidentielle de 2017, Benoît Hamon en a fait un plaidoyer, avec la publication de son livre "Ce qu’il faut de courage, plaidoyer pour un revenu universel" (éd. L'Equateur). Alors que l'épidémie a provoqué une crise économique, la mesure trouve une résonance particulière.
Ce n’est plus seulement une simple idée de campagne électorale. Sur le revenu universel, Benoît Hamon vient d’être rejoint par le pape François, qui publiera demain un livre intitulé "Un temps pour changer" qui promeut notamment cette mesure. Une position dont se réjouit l’homme politique : "Aujourd’hui, que le pape prenne cette position-là est un grand encouragement et donne beaucoup de force à cette idée".
Le revenu universel est "un revenu, inconditionnel et individuel, qui est donné de la naissance à la mort et qui vient compléter une situation". C'est un "socle pour l'existence", selon Benoît Hamon. "La plupart des gens disent qu’ils ont un travail et donc un emploi. Mais quelqu'un qui n’a pas d’emploi travaille quand même quand il jardine, cuisine, est bénévole dans une association. Le revenu universel reconnait que le travail ne se résume pas à l’emploi", explique-t-il.
Cette mesure a forcément un coût, qui doit se réfléchir par étape. "Ça ne peut pas se financer à fiscalité constante. Il y a plusieurs étapes comme pour la sécurité sociale. Il y a plusieurs pistes sur la fiscalité des entreprises, des ménages", explique Benoît Hamon.
Pour contrebalancer le fait que la France ne permet pas aux jeunes de moins de 25 ans d’avoir accès aux minima sociaux, Benoît Hamon préconise un revenu dès la naissance. Pour les enfants, il serait versé de 0 à 18 ans, d’un montant de 300 euros dont 200 iraient au parents, explique l’homme politique. Le reste serait accessible à 18 ans. "Il ne faut pas faire le pari de la pauvreté chez les jeunes", assure-t-il.
C’est un revenu qui pourrait aussi soulager les étudiants, contraints de travailler pour payer leurs études. "Ce que change le revenu universel, c’est pour ceux qui ont des petits salaires de ne plus être dépendants des petits salaires pour vivre", affirme l'ancien ministre.
Face aux critiques, notamment celles qui pointent le risque pour les jeunes de ne pas travailler, Benoît Hamon se défend : "On n’a aucune étude qui montre que quand on reçoit de l’argent quand on est pauvre, on n’est pas incité à travailler". Le travail représente davantage qu’une simple rémunération. "Il y a aujourd’hui dans la représentation du travail et de l’emploi le sentiment qu’on est utile socialement à la seule condition du travail. Le revenu universel reconnait le travail qui crée des liens et pas seulement des biens", affirme Benoît Hamon.
"On a besoin d’une société du soin, de la sollicitude, qui fait de la question de l’humain le centre des politiques dans un monde qui se déshumanise. Moi je pense que notre humanité se mesure aussi à se reconnaître dans autrui", conclut Benoît Hamon.
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