Les journalistes sont plutôt appelés à l’aide pour médiatiser un monument en péril. Là, j’ai eu la chance d’assister à ce moment discret, où se décide le plan de bataille pour la restauration d’un monument historique. Tous les acteurs étaient réunis et, en forçant à peine le trait, j’oserais dire qu’ils se sont séparés en jurant de sauver le vieux prieuré de Vernais d’une mort certaine !
Erigé par des religieuses au XIIe siècle comme une dépendance de l’abbaye voisine de Charenton-du-Cher, celui-ci est aujourd’hui propriété de la commune. La chapelle est somptueuse, car couverte de peintures murales dont la plus importante est un magnifique et rare couronnement de la Vierge par le Christ, dans des couleurs bleu et violine. On peut d’ailleurs en admirer une copie grandeur nature à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine à Paris .
Malheureusement l’ensemble a été très endommagé au fil des siècles.
En premier lieu, le maire qui doit trouver un plan de financement des travaux. Il y avait aussi la représentante de la Direction régionale des affaires culturelles, la fameuse DRAC, qui coordonne et accorde jusqu’à 40% de subventions.
A cause de son décor gothique, la chapelle est en effet classée Monument historique depuis 1995. Ce qui signifie que l’Etat surveille les travaux et les finance en bonne partie.
Quelques mois plus tôt, la DRAC avait commandé des « diagnostics », c’est-à-dire des études précises à des spécialistes appelés au chevet de la chapelle comme autant de « médecins ». Cette réunion a donc permis d’entendre l’architecte en chef des monuments historiques expliquer pourquoi la chapelle prend l’eau et ce qu’il préconise pour y remédier. Puis, la restauratrice-conservatrice de peintures a démontré qu’en fait, trois décors différents avaient été réalisés successivement.
C’était fascinant de les voir rassembler les indices pour reconstituer l’histoire très tourmentée de cet édifice.
Jamais je n’aurais imaginé que cette modeste chapelle avait eu un transept. Pourtant, une fois qu’ils m’ont pointé les vestiges du décor intérieur qui se poursuivaient sur ce qui est aujourd’hui l’extérieur, c’était évident. Bien des mystères demeurent et il faudra encore que des archéologues spécialisés qu’on appelle « archéologues du bâti » sondent les murs pour les résoudre.
Mais alors les travaux ne sont pas prêts de commencer…
D’ici deux ans, sans doute, ils devraient pouvoir démarrer. C’est long, très bureaucratique bien sûr, mais là, je voyais, comme on en rarement l’occasion, l’administration française en action. Et j’étais assez fière que notre pays possède ce système de protection des monuments qui, même s’il n’est pas parfait, permet de réfléchir aux meilleures solutions, avant d’agir dans les règles de l’art.
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