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​Le sens d’un remaniement

RCF,  - Modifié le 10 octobre 2018
Chaque mercredi François Ernenwein propose son regard sur l'actualité politique, et cette semaine il nous parle du remaniement du gouvernement qui tarde.
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Avant même que le président de la République prenne solennellement la parole après son retour d’Arménie, la nature du remaniement rendu nécessaire par la démission de Gérard Collomb en dira plus que de longs discours.  

L’hypothèse haute : celle d’une démission de tout le gouvernement suivie, après la reconduction d’Edouard Philippe et l’annonce d’une nouvelle  équipe, d’un vote de confiance à l’Assemblée a été écartée mardi soir par l’Elysée. Emmanuel Macron a ainsi signifié ainsi lourdement que le cap serait maintenu même face aux vents contraires. Tout est affaire de symboles. Il n’a pas voulu marquer trop lourdement l’entrée dans une nouvelle ère de son quinquennat et donner l’impression qu’il portait un regard critique sur le passé récent.  

L’alchimie gouvernementale quand elle sera connue dira malgré tout si le « nouveau souffle »  souhaité dimanche par le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand  pour  fédérer davantage autour des réformes conduites figure toujours à l’ordre du jour. Le choix des hommes et les femmes pour cette tâche constitueront autant d’indices de cette volonté d’ouverture à la société civile ou aux partenaires du MoDem, maintes fois proclamée.

Tout, bien sûr, ne se résume pas aux questions de personnes. Mais, quand officiellement il n’est pas question de changer de cap, cette ouverture si elle advenait, pourrait faciliter une navigation gouvernementale très autocentrée et un peu erratique ces derniers mois.

Si l’hypothèse d’un renouvellement ministériel d’une certaine ampleur devait malgré tout l’emporter, les cartes n’en seront pourtant pas redistribuées au sommet de l’État. Presque effacé jusqu’ici, privé de relais politiques solides, Édouard Philippe a occupé pendant quelques semaines un espace inhabituel pour un premier ministre. Depuis Matignon et lesté du ministère de l’intérieur, il a su incarner, en habitant pleinement ses fonctions, une sorte de flegme face aux vents contraires. Son autorité s’en est trouvée accrue, l’exécutant de la volonté présidentielle devenant en même temps un pôle de stabilité. Mais ce sens de l’Etat largement démontré  ne lui a apparemment pas permis d’obtenir du président l’élan symbolique qu’un nouveau vote de confiance lui aurait donné à Matignon après une démission de tout le gouvernement. 

Au-delà du choix des personnes et des redéploiements, Emmanuel Macron, a, semble-t-il, choisi d’insister une nouvelle fois sur la continuité de son action et sur le poids de l’Elysée. C’est très cohérent sous la Vème République. Mais pas forcément habile quand montent les inquiétudes.  

 

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