Vous connaissez cette célèbre chanson qu’est « Le temps des cerises ». Le texte en fut écrit par Jean Baptiste Clément en 1866 et la musique composée par Antoine Renard en 1868. Elle exalte la joie du printemps mais elle est associée aussi à l’échauffement révolutionnaire de la Commune de Paris et de la « semaine sanglante » de mai 1871. Tant et si bien qu’elle est devenue une hymne emblématique du combat social, dans ce qu’il a d’exaltant et parfois de décevant aussi, quand il s’avère sans lendemain. Vous vous rappelez peut-être son interprétation par Yves Montand et par Barbara Hendricks, à la Bastille, la veille des obsèques de François Mitterrand.
« Quand nous chanterons le temps des cerises,
Et gai rossignol et merle moqueur seront tous en fête !
Les belles auront la folie en tête et les amoureux, du soleil au cœur ! […]
Mais il est bien court, le temps des cerises où l’on s’en va deux par deux,
cueillir en rêvant des pendants d’oreilles…
Cerises d’amour aux roses pareilles, tombant sous la feuille
en gouttes de sang… »
Cette chanson à la fois bucolique et révolutionnaire prend un relief particulier quand on l’associe aux premières communions et aux professions de foi (aux « communions solennelles ») qui jalonnent le printemps des paroisses et y réunissent des foules plus ou moins pratiquantes voire plus ou moins croyantes. Même les « merles moqueurs », les anticléricaux et les sceptiques, peuvent être en fête quand la beauté de la liturgie et la ferveur des enfants sont au rendez-vous. Rien de tel pour avoir « du soleil au cœur » que de communier au Christ mort et ressuscité. Les « gouttes de sang » qui jaillissent de son cœur ne sont pas le sang de la violence mais celui de l’amour.
Ce n’est donc pas par hasard que les « fêtes de la foi » sont souvent célébrées au printemps. Elles ne constituent pas seulement, au terme d’un parcours de formation catéchétique, une sorte de distribution des prix spirituelle. Elles manifestent au contraire que le printemps véritable, c’est l’ouverture des cœurs au don de Dieu, que la seule révolution qui ne déçoit pas est celle de l’espérance qui jaillit de l’amour du Christ. Bref, que le vrai temps des cerises est celui de la folie de la Croix et du soleil de la Résurrection.
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