Je vous parlais de plantes la semaine dernière avec "Botaniste", le livre de Marc Jeanson et Charlotte Fauve ; place aujourd’hui aux animaux avec "Le zoo de Rome", ce roman loufoque et étonnant, qui mêle histoire et fiction d’un zoo plus que centenaire. Enjeu politique plus que scientifique, le zoo est aussi une vraie question écologique, tant cet hommage à la nature est artificiel.
Au cœur de la ville, reconstituer le milieu naturel d’un ours blanc ou d’une girafe au long cou, n’est-ce pas un peu stupide ? Mais ce n’est pas un roman à thème, c’est une histoire faite de rebondissements, d’ambitions contrariés, d’animaux sacrifiés… "C’est spectaculaire une girafe qui meurt, c’est un peu comme un arbre qu’on abat" souligne le narrateur, alors que débarquent au zoo les animaux capturés sur les terres africaines conquises par l’Italie : un rat des pharaons, un daman abyssin, un céphalophe de Grimm, deux gazelles à front roux, un babouin vert, un potamochère du Cap… tout cela pour le plus grand plaisir des visiteurs…
Vous ne croyez pas si bien dire… Car dans ce zoo se trouve… le dernier spécimen de tamandin. Ne cherchez pas dans les dictionnaires de zoologie de Jean Pruvost : le tamandin est tout droit sorti de l’imagination de l’auteur. Mais Giovanna, directrice de la communication tient là un formidable levier qui pourrait bien sauver le zoo de Rome menacé de disparition ; pensez donc, 17 hectares au cœur de la capitale attisent l’appétit des promoteurs.
Le zoo s’organise pour gérer le flot de curieux, et le lieu perd un peu de son charme : "c’était la fin du jardin et de ses méandres, il n’y aurait plus de petits flirts dans les buissons, plus de surprises, c’en était fini du hasard et des rencontres inattendues…" Entre Giovanna, Chahine, l’architecte algérien, Leonardi le vieux gardien et Moro, le vétérinaire manipulateur se joue une partie de cache-cache… Va-t-on sauver le zoo de Rome ? Suspense…
Parce qu’il raconte l’histoire de Rome, de l’Italie et aussi du XXe siècle à partir du zoo, et parce que le zoo est un peu une scène de huis-clos, avec une vraie dramaturgie, des personnages étranges, aux caractères difficiles à cerner. L’écriture de Pascal Janovjak est subtile, montrant que nous sommes aujourd’hui le fruit d’une histoire et que notre lien à la nature est plus complexe qu’il n’y paraît. Enfin, il y a une sorte de poésie dans ce paradis sur terre, cette arche perdue qui nous fait voyager au cœur de la ville. C’est curieux, un zoo et peut-être en trouverez-vous sur la route des vacances, profitez-en, même si, selon le vieux gardien, "Les gens qui fréquentent souvent les zoos ont toujours un problème. Ou alors, ils ont des enfants".
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