Faire cours en prison. Une idée un peu folle pour ces deux enseignantes qui ont quitté les établissements scolaires classiques pour aller enseigner derrière les barreaux de la maison d’arrêt de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. A la place des enfants, des personnes incarcérées pour braquage, trafic de drogue, viol, homicide voire terrorisme. Un public hétérogène auquel il faut s’adapter en permanence.
Dans un ouvrage publié récemment aux Editions du Rocher, ces deux femmes témoignent de leur passion pour leur nouvelle vie d’enseignante en milieu carcéral. Elles font part, non sans humour, de leurs réussites, de leurs difficultés, parfois de leurs peurs. Un engagement qui a pour but principal de rendre à certains le goût de l’école, et de redonner pour beaucoup confiance en soi et foi dans l’avenir.
"Nous sommes partis un an dans un IUFM pour nous spécialiser à ce public très particulier" explique Sylvie Paré, enseignante à la maison d’arrêt de Nanterre depuis 2001. Elle décrit l’envers du décor. "Pour accéder au centre scolaire il faut un surveillant, mais une fois que c’est fait, on se retrouve dans un couloir qui ressemble beaucoup à un couloir d’école" décrit-elle, rappelant que sa classe ressemble elle-aussi à une classe d’école assez classique.
"La différence physique est particulière. Au niveau pédagogique on doit faire preuve de différences entre chaque élève tout en essayant de maintenir une cohésion de classe. Il nous semble que la sociabilisation est très importante pour eux" ajoute Sylvie Paré. Cette dernière avoue également beaucoup apprendre de ces élèves un peu particuliers.
L’enseignante explique que chaque heure de cours est unique, qu’on ne sait pas à chaque fois comment cela va se dérouler. Elle reconnaît avoir eu très peur par moments. "Mais on est une équipe très soudée alors on rebondit vite" lance-t-elle au micro de Vincent Belotti. Pour autant, cette école représente pour beaucoup un espoir, une porte de sortie, qui vaut le coup que l’on s’y accroche conclut Sylvie Paré.
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