Les évêques de Belgique vont intégrer les nouvelles recommandations de la commission d'enquête parlementaire de la Chambre chargée d'enquêter sur les abus sexuels dans l'Église et ailleurs. La commission a permis à l’Eglise catholique belge de répondre à la polémique issue du documentaire “God vergeten” qui ne lui avait pas donné de droit de réponse.
Les évêques de Belgique expriment leur gratitude envers la commission pour avoir écouté les victimes et les représentants des points de contact, de Dignity et des experts. Bien que des progrès indéniables aient été réalisés dans la lutte contre les violences sexuelles, les évêques reconnaissent que le travail n'est pas terminé et envisagent d'intégrer les recommandations de la commission dans leur politique de tolérance zéro.
Lire le communiqué des évêques de Belgique
Le travail de la commission a permis de faire le point sur le fléau des abus sexuels dans l’Eglise mais aussi dans d’autres associations sportives, éducatives et autres. Il a permis de relativiser l’impact du documentaire flamand “God vergeten” (en français “les oubliés de Dieu”) qui donnait la parole aux victimes sans droit de réponse de l’Eglise. Ce documentaire avait déclenché une grande indignation en Flandres, ayant mené à la création de la deuxième commission parlementaire sur le sujet après celle de 2010-2011.
Fin novembre 2023, la RTBF avait diffusé un des six épisodes de la série “God Vergeten” produite par la VRT, chaîne publique flamande, suivi d’un debat.
Les évêques belges réaffirment leur engagement à signaler systématiquement les faits non prescrits à la Justice et à suspendre les auteurs en attente de jugement, tout en transmettant les plaintes aux autorités du Vatican. Ils soulignent également leur volonté de poursuivre l'arbitrage, offrant ainsi une voie de compensation pour le préjudice moral des victimes.
Les évêques sont satisfaits que la commission d'enquête recommande un point de contact central et neutre ainsi que la possibilité d'un arbitrage pour les faits prescrits de toutes les victimes d'abus sexuels.
Lors du débat a la RTBF, mgr Guy Harpigny, évêque de Tournai, avait promis, au nom des évêques belges, de redemander à Rome et au pape François le renvoi de l'état clérical de l’ancien évêque de Bruges Roger Vangheluwe. Ce dernier avait abusé notamment de son jeune neveu, témoin du documentaire “God Vergeten”.
Depuis le 20 mars 2024, Roger Vangheluwe n'est plus évêque ni prêtre. Le pape François a pris cette décision après un nouvel examen du dossier. Une décision qui était largement espérée en Belgique.
L'ancien évêque a "demandé de pouvoir résider dans un lieu de retraite, une abbaye en France, sans plus aucun contact avec le monde extérieur, afin de se dédier à la prière et à la pénitence". Cela lui a été accordé.
Les évêques soulignent une fois de plus qu'ils signalent systématiquement les faits non prescrits à la Justice. Dans l'attente d'un jugement, les auteurs sont suspendus et la plainte est transmise aux autorités du Vatican. Pour les faits prescrits par la Justice, il existe la possibilité de recourir à l'arbitrage. Celui-ci a été mis en place temporairement, sur proposition de la Commission parlementaire de 2010-2011, mais l'Église catholique le poursuit volontairement depuis près d'une décennie.
Cependant, ils regrettent que l'Église soit perçue par la commission comme ayant agi sous pression de la commission parlementaire précédente de 2010-2011, alors qu'elle avait déjà pris des initiatives antérieures telles que les Commissions Halsberghe puis Adriaenssens. En effet, il est clair que l'Église et la Chambre ont joué un rôle de pionnier en 2012 en cherchant à faire reconnaître les faits prescrits. L'Église catholique reste hélas seule à pratiquer cet arbitrage, car aucune autre organisation dans notre pays ne l'a suivie dans cette voie jusqu'à présent.
La commission d'enquête parlementaire de la Chambre avait entendu les points de contact de l'Église. La coordinatrice flamande, Mia De Schamphelaere, avait souligné que ces points de contact travaillent de manière indépendante, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas placés sous l'autorité ni l'influence de l'évêque ou d'un supérieur religieux. “L'accent est mis sur l'écoute et la reconnaissance des victimes et sur une éventuelle compensation morale, par le biais d'une convention de transaction, des souffrances liées aux abus du passé, faisant l'objet de prescription sur le plan juridique.”
Ils s'engagent à développer davantage le soutien thérapeutique professionnel pour toutes les victimes d'abus sexuels, à renforcer le soutien pastoral et à coopérer avec les institutions spécialisées dans la recherche scientifique et le soutien aux victimes.
Enfin, l'Église catholique en Belgique continue sa politique de reconnaissance des victimes d'abus historiques et de prévention des abus, avec un suivi rigoureux des auteurs d'abus dans un contexte pastoral.
De nombreux observateurs espèrent que toutes les associations belges sportives, éducatives et autres vont également intégrer ces recommandations et assurer une procédure d’arbitrage pour les faits prescrits, comme le fait depuis l’Eglise catholique belge plus de 10 ans. La lutte et la prévention contre les abus sexuels et autres restent des priorités.
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