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L'enjeu de la vaccination dans les déserts médicaux
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L'enjeu de la vaccination dans les déserts médicaux

Un article rédigé par Florence Gault - RCF,  -  Modifié le 8 juillet 2021
Le dossier de la rédaction L'enjeu de la vaccination dans les déserts médicaux

Comment les déserts médicaux peuvent-ils faire face à la crise du Covid-19 et à l’urgence de la vaccination ? Des élus et des associations tirent la sonnette d'alarme.

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Selon des chiffres datant de 2019, 8 millions de Français vivent dans un désert médical : ce qui veut dire qu’ils ne peuvent pas consulter plus de deux fois par an un praticien, faute d'en avoir un à proximité. Jean-Marc Macé, géographe de la santé, enseignant au Conservatoire national des arts et métiers, préfère parler de territoire fragile plutôt que de désert médical, qui a des critères précis. "C’est la densité de médecin, l’âge des médecins, qui ont souvent plus de 75 ans. Ensuite il faut se demander sur quelle base on travaille, quel est le profil de cette population", détaille Jean-Marc Macé.

Pour l’heure, il est difficile de dire si ce phénomène de désert médical s’étend ou non en France. Car il n’y pas d’état des lieux clair, net et précis, même si la tendance semble être à la dégradation. Mais, difficile d’être catégorique tant qu’il n’y aura pas plus de diagnostics territoriaux établis. Et c’est une des grandes difficultés aujourd’hui. "Techniquement on sait faire, on a des ARS qui sont là pour faire la gestion des diagnostics. Ensuite il y a peut-être une information à faire de la part des élus", estime Jean-Marc Macé.

Une demande de soin en hausse

Une chose est sûre : la demande de soins est en hausse et le temps médical disponible en baisse. Il faut dire que les départs à la retraite de généralistes ne sont pas compensés par de nouvelles installations, en raison notamment des numerus clausus qui ont limité le nombre de médecins formés dans les années 1990. Emmanuel Macron y a mis fin en 2020. Conséquence : certains médecins, pourtant à la retraite, continuent d’exercer. C’est le cas de Philippe Paux, médecin généraliste depuis 20 ans à Carcassonne. "Je suis en retraite depuis deux mois et je n'ai pas voulu quitter le cabinet car j’ai encore des responsabilités morales avec plus de 2700 patients. Je reste encore en attendant un éventuel successeur mais je ne sens pas beaucoup de potentiel pour reprendre", témoigne-t-il.

L'urgence de la vaccination 

L’ancienne ministre, Corinne Lepage, désormais avocate de l’Association de Citoyens Contre Les Déserts Médicaux, vient d’adresser un recours gracieux au Premier ministre ainsi qu’au ministre des Solidarités et de la Santé pour dénoncer l'inégal accès aux soins en France. Elle estime qu’il y a non seulement une inégalité devant la loi mais également une inégalité en termes de conditions de vie. "Il y a des territoires où c’est impossible d’avoir un médecin tout court car ceux qui sont dans un environ proche ne peuvent plus prendre de patients", alerte-t-elle.

Le gouvernement a un délai de deux mois pour répondre. Si au bout de deux mois, il n’y a pas de réponse, c’est l’équivalent d’un "non". À ce moment-là, l’association a à son tour deux mois pour saisir le Conseil d’État qui pourra ensuite, s’il juge ce refus illégal, demander à l’État de prendre les mesures adéquates.

Dans ces territoires, une navigation à vue

Face à l'urgence de la vaccination, on navigue un peu à vue. Six centres de vaccination sont supposés ouvrir dans chaque département. Pourtant, on est loin du compte à en croire Michel Fournier, le président de l’association des maires ruraux de France (AMRF). Il est lui-même maire de Les Voivres (Vosges), commune de 88 000 habitants. Et il tente de faire face aux inquiétudes de ses administrés. "Nous, on recense les gens qui sont normalement prioritaires. Le questionnement ça va être 'est-ce que vous pourrez vous déplacer ?' Il faut organiser tout ça pour les transporter. On n’a pas encore tous les éléments pour savoir si on pourra mettre tout cela en place", regrette l'élu.

Selon lui, il faut que le gouvernement mette en place un certain nombre de mesures pour obliger les médecins à s’installer dans ces déserts médicaux. "Ce que nous défendons, c’est qu’il y ait une couverture du territoire qui soit imposée", assure Michel Fournier. Une étude réalisée pour l'AMRF, publiée en décembre dernier, montre les habitants des régions rurales "consomment 20% de soins hospitaliers en moins que ceux des villes".

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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