La santé est au cœur des fake news et cela ne date pas de la pandémie. Tout d’abord, peu importe le sujet, il faut savoir que nos cerveaux sont câblés pour cela. On est quelque part prédisposé, c’est ce que l’on appelle un biais cognitif. "Les fake news qui se propagent bien sont celles qui sont liées à nos inquiétudes par rapport à notre intégrité physique, notre santé. Les fake news capitalisent sur les composantes de l’esprit humain", explique Sebastien Dieguez, enseignant chercheur en neurosciences au Laboratoire de sciences cognitives et neurologiques de l'Université de Fribourg, en Suisse.
Ce biais est accentué par les algorithmes des réseaux sociaux et plateformes qui analysent nos goûts et nous suggèrent des contenus similaires. Ces algorithmes entraînent à la longue la création d’une bulle de filtre dans laquelle s’entretient le phénomène. Tous ceux qui partagent et relaient des fausses informations ne croient pas forcément à ce qu’ils diffusent. "D’un point de vue technologique, il y a raison de penser que c’est la nature de ces plateformes qui favorisent la diffusion de ces théories", ajoute Sebastian Deniguez.
La santé était un sujet de prédilection avant même la naissance des réseaux sociaux car elle touche à un domaine intime et comporte une part d’inconnu et d’incertitude. "Ça touche à des éléments liés à l’intime, pour lesquels les gens sont en attente de réponse", souligne le docteur Laurent Chambaud, directeur de l’école des hautes études en santé publique de Rennes.
Il y a plusieurs profils de personnes. Il y a des gens, par exemple, qui se saisissent d’un sujet sans le maîtriser ou des personnes qui ont une stratégie précise. "Il y a à la fois des personnes qui parfois sans intention organisée lancent des sujets parce qu’il y a un écho qui se fait. Mais il peut y avoir aussi des organisations beaucoup plus fortes sur des lobbies", affirme le DR Laurent Chambaud.
Pour les contrer, des scientifiques montent au créneau sur le même terrain, internet et les réseaux sociaux. Dès 2018, l’Inserm a par exemple lancé une chaîne Youtube pour déconstruire les rumeurs et infox santé. Ils utilisent les codes du numérique avec des petites vidéos d’un sujet qui démontent les contre vérités. Mais la pandémie a entraîné tellement de fausses nouvelles que Canal detox a du se démultiplier. "Un des paramètres qui est arrivé avec la pandémie c’est la vitesse avec laquelle les infos se répandent et notre besoin d’agir vite pour aller contrer ces informations", témoigne Isabelle Rivière directrice adjointe de l’Inserm
La curiosité et l’esprit critique restent les meilleures armes contre les fakes news. Certains chercheurs envisagent des formes de stratégies vaccinales aux fake news. Le sujet est loin d’être épuisé.
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