175 millions d’euros d’économie sur le budget alloué à l’hébergement d’urgence, un rabot sur les contrats aidés dans le secteur non-marchand, et des milliers de postes menacés dans le secteur du social et du médico-social : les associations lyonnaises de lutte contre la précarité prennent la parole, alors que le projet de loi de financement de la sécurité sociale et le budget de l’État font craindre le pire aux acteurs de la solidarité rhodanienne.
Pour le président du Foyer Notre-Dame des sans-abri à Lyon, le constat est sévère : « Notre société a du mal avec cette gestion de la grande pauvreté » selon Amaury Dewavrin. Un constat, et un rappel à l’ordre : « L’État a le devoir d’accueillir et d’héberger les personnes, quelles que soient leurs droits. Nous constatons que ce n’est pas le cas, puisqu’il y a 2 500 personnes dans la rue à Lyon ».
La Cour des Comptes qui a publié un rapport à la fin du mois d’octobre, et qui juge la politique nationale beaucoup trop « court-termiste » sur cette question de l’hébergement d’urgence. Jugement enjoint par Amaury Dewavrin, et qui demande « un travail sur la reprise de la construction de logements sociaux », alors que l’État ne prévoit pas d’ouvertures de nouvelles places d’hébergements d’urgence dans son nouveau budget.
Un doublement du nombre de personnes dans l’attente d’un hébergement d’urgence : constat implacable posé en réponse aux coupes budgétaires par la Fédération Nationale des Samu sociaux français, dont l’association lyonnaise Alynea fait partie. Le Samu Social Lyonnais a donc décidé, en réponse, d’augmenter le nombre de ses équipes de maraudes dès le mois de novembre, et ce jusqu’à mars.
Son directeur général Philippe Imbert juge cette situation « dramatique », estimant que ces coupes, associées à ce creusement de la précarité en terre rhodanienne ne ferait « qu’envenimer la situation ».
Pourtant, les dépenses d’hébergements d’urgences ont été multipliées par 5 en France, entre 2010 et 2022. 22 000 places d’hébergements d’urgence occupées sur notre territoire, jamais autant de moyens qu’aujourd’hui dans le Rhône, mais malgré tout, jamais autant de personnes n’ont été en difficulté sur notre territoire.
Et l’appel est ici commun entre le Samu Social lyonnais et le Foyer Notre-Dame des Sans-Abri : le problème réside dans une crise du logement qui continue d’accentuer la précarité des personnes déjà en difficulté, avec des logements sociaux en nombre trop faibles, et une rotation insuffisante.
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