Rien ne va plus entre les Etats Unis et la Chine. La semaine dernière Donald Trump a annoncé un nouveau train de mesures protectionnistes à l’égard de Pékin. Le Président des Etats Unis met en cause "l'agression économique" de la deuxième puissance mondiale.
C’est jeudi dernier que Donald Trump a lancé les hostilités. Dans un discours, le chef de la Maison Blanche a annoncé que les Etats Unis allaient sanctionner Pékin pour violation de propriété intellectuelle. L’administration américaine passe à l’offensive en imposant de nouveaux tarifs douaniers aux importations chinoises.
Ces tarifs pourraient toucher jusqu’à 60 milliards de dollars de biens chaque année. Si la Maison Blanche n’est pas rentrée dans le détail, ce sont tout de même pas moins de 1300 lignes de produits chinois qui sont visées, des chaussures à l’électronique en passant par le textile.
Cette offensive américaine intervient dans un contexte où le rapport de force a changé entre Washington et Pékin. C'est ce qu'explique Lionel Fontagné, professeur d'économie à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, au micro de Pauline de Torsiac. Si la guerre semble donc déclarée, l’offensive commerciale américaine à l’égard de l’Empire du milieu était déjà au cœur des promesses électorales de Donald Trump.
En août dernier, la Maison-Blanche avait ordonné une enquête sur les pratiques commerciales chinoises notamment celles qui obligent à former des joint-ventures c'est-à-dire des coentreprises avec des partenaires locaux. Si cette pratique courante semblait convenir aux partenaires commerciaux dans les années 80/90, elle semble désormais atteindre ses limites, comme le précise Franck Desevedavy, avocat associé au cabinet Asiallians à Pékin.
Transfert de technologie, violations de brevets, contrefaçons, Washington est bien déterminé à se battre contre son concurrent chinois. Une bataille que l’administration américaine entend donc mener en taxant les importations chinoises mais Pékin n’a pas attendu pour riposter.
Cette riposte chinoise est cependant plus mesurée puisqu’elle porte sur seulement 2% du total des exportations américaines vers la Chine. Pékin a en ligne de mire une liste de 128 produits américains dont des tubes d'acier, des fruits secs ou du vin. Elle n’envisage toutefois pas de sanctions sur le soja américain, dont le géant asiatique a pourtant importé pour 14 milliards de dollars l’an dernier. Mais Pour Philippe Chalmain, président de l’Observatoire des prix et des matières premières ce n’est pas surprenant.
On en conclut donc que si la Chine dit vouloir répliquer "coup par coup", elle ne souhaite toutefois pas l’escalade de la violence. Selon l’économiste Lionel Fontagné, Pékin tient à rester dans le cadre des règles multilatérales de l’OMC. Des règles que Washington tente pourtant de contourner dans ce bras fer.
D'ailleurs, pour éviter d’attendre une décision de l’OMC, l’administration américaine justifie ces mesures de rétorsion en invoquant une loi commerciale américaine de 1974, le "Trade Act", qui permet aux Etats-Unis de sanctionner un pays dont les pratiques ont été reconnues comme anticoncurrentielles.
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