Après une journée consacrée au rapport de la CIASE, les évêques ont repris hier le programme de leur assemblée prévu initialement. Ils ont accueilli pour deux jours plus de 200 personnes de tous les diocèses pour continuer leur travail sur l’encyclique Laudato Si.
Des journées qui s’inscrivent dans la démarche lancée par les évêques en 2019 autour donc de l’écologie intégrale en intégrant à leur assemblée des laïcs engagés. Le thème de cette séquence de deux jours c’est "clameur de la terre, clameur des pauvres", une formule du pape François dans laudato Si. Mais comment faire le lien entre la pauvreté et les dérèglement climatique ?
Les évêques ont invité des théologiens à répondre à cette question. Parmi eux, le père jésuite Etienne Grieux qui explique que "dans les deux cas il y une sorte d’irrespect profond vis-à-vis de la Terre et vis-à-vis de personnes. Cela nous renvoie à notre absence d’écoute de ce qui arrive à la Terre et de ce qui arrive à certaines personnes". Il invite les évêques à "écouter l’enseignement des pauvres et de la manière à écouter ce que la Terre nous dit dans la crise écologique que nous traversons".
Pour le frère franciscain Frédéric-Marie Le Méhauté, qui travaille auprès de personnes de la rue, les personnes pauvres doivent être considérées comme des expertes parce que "ce sont les personnes les plus pauvres qui paradoxalement paient le plus lourd tribut au changement climatique". Il appelle ce phénomène "premiers touchés premiers coulés". Pour lui "c’est quand on est au cœur de l’adversité, quand on est face aux problèmes réels dans la vie quotidienne qu’on peut trouver des solutions. Les populations les plus touchées sont aussi celles vers lesquelles on peut se tourner pour apprendre le plus à faire face".
Pour cette séquence, les évêques sont donc dans une attitude d’écoute des personnes en précarité. Mgr Eric de Moulins Beaufort, le président de la conférence des évêques de France leur a d’ailleurs lancé : "Vous nous direz comment vivre de peu dans un monde d’abondance. Vous allez nous aider à écouter le cri de la terre, le cri du cosmos et le cri des hommes". L’objectif des évêques n’est pas de produire des choses, explique Pascal Balman, délégué de la conférence des évêques de France pour l’écologie intégrale. "L'idée est de vivre des choses ensemble, en église, un processus de conversion écologique. C’est sur ce chemin de conversion que nos évêques nous engagent. En vivant ensemble, en priant ensemble, en s’écoutant, en accueillant la parole des personnes en grande pauvreté, chacun fait un chemin de conversion".
Parmi les invités des évêques, il y a donc des personnes engagées dans une démarche écologique auprès des plus démunis ou en situation de précarité. Antoine Gagneron est diacre dans le diocèse de Bourges. Agriculteur à la retraite, il a lancé un jardin partagé pour des personnes exclues, des migrants, des gens en précarité avec qui il travaille le sol, cultive des légumes et les cuisine… Il explique que "le travail de la terre peut permettre de reconstituer la personne. Se dire que ‘je suis capable de planter, de semer, de récolter, je suis capable de travailler avec d’autres, je ne suis pas tout seul dans mon coin à me morfondre et attendre mais je peux être utile, je peux avoir des liens avec d’autres personnes".
La parole des personnes est parfois dure à entendre. Jean-Claude Caillaux, fondateur de La Pierre d’angle une association qui accueille des personnes en précarité pour lire l’évangile se fait leur porte-parole : "On est pas écoutés en haut lieu, on aimerait qu’on ne soit pas au fond de l’église, on aimerait qu’à l’église à la messe le dimanche on nous permette de donner la communion ou de lire une lecture. Nous, parce qu’on est pauvres, on nous ne demande rien, on ne nous questionne pas, on ne nous interpelle pas…"
Cette séquence "Clameur de la terre, clameur des pauvres" se poursuit toute la journée avant la reprise vendredi des travaux des évêques sur l’actualité, la liturgie et le rapport de la Ciase.
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