Un bras de fer vient de s’engager entre la France et l’Angleterre. Le ministre de l’intérieur britannique vient d’annoncer son intention de refouler les petits bateaux dans lesquels les personnes exilées traversent la Manche et de couper les financements versés à la France si les traversées persistent.
Pour comprendre les enjeux, il faut savoir que les Britanniques paient la France pour qu’elle empêche les migrants de traverser la Manche : pour cela, ils se sont engagés à nous verser 63 millions d’euros. Avec cet argent, la France n’a cessé depuis 20 ans de renforcer la frontière. Des moyens humains et technologiques énormes sont mobilisés : plus de 1.000 personnes des forces de l’ordre, des détecteurs de chaleur humaine ou de battements de cœur, des caméras. A Calais, ce sont 65 km de grillages haute sécurité et de barbelés qui ont été érigés.
Et pour éviter que ces migrants ne s’installent en France à proximité du littoral en attendant de pouvoir traverser, leur quotidien à Calais ou ailleurs est fait d’expulsions, de confiscation d’effets personnels, de difficultés d’accès à la nourriture et à l’eau.
Les Britanniques trouvent toujours que le nombre d’exilés qui rejoignent leur territoire est trop important. Et comme il est de plus en plus difficile de traverser en train ou en camion, les migrants tentent leur chance, et risquent leur vie, à bord de canots pneumatiques ou de barques ; ils le font au milieu des cargos : un toutes les 10 minutes.
Depuis le début de l’année, 13.000 migrants ont pu rejoindre le Royaume-Uni par la mer. Mais chaque année, une trentaine d’entre eux perd la vie en tentant cette aventure. Tous les contrôles n’y changent rien : la volonté de faire la traversée l’emporte sur les risques.
Et s’ils souhaitent rejoindre l’Angleterre, c’est bien souvent comme Ali, exilé soudanais, parce qu’ils n’ont aucune perspective de régularisation en France. Il serait temps de regarder la réalité en face.
Pour conclure, je voudrais reprendre une belle phrase du courrier du ministre français de l’Intérieur à son homologue britannique. Voilà ce qu’il dit : "En mer, la sauvegarde de la vie humaine prime sur des considérations de nationalité, de statut et de politique migratoire".
Alors, si on essayait aussi sur terre ! Si sur terre aussi, la vie de nos frères et sœurs en humanité primait sur toute autre considération !
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