La période de confinement est particulièrement difficile pour les personnes souffrant de pathologies psychiatriques. Cela fait deux semaines que les Français vivent confinés et les services de psychiatrie manifestent leur inquiétude. En ce qui concerne les addictions, ils observent de nombreux cas de rechute, liés à l'isolement, au caractère anxiogène de la crise sanitaire, mais aussi aux difficultés pour s'approvisionner en médicaments ou renouveler une ordonnance.
Les personnes psychologiquement fragiles sont "très difficilement impactées par cette pandémie". "On a affaire à des retours d'angoisse réelle", explique le Pr Amine Benyamina, chef du service Psychiatrie et addictologie de l'hôpital Paul-Brousse à Villejuif (Val-de-Marne) et président de la Fédération française d'addictologie. Les personnes souffrant d'addictions sont particulièrement exposées à des risques de rechute. "Chacun en fonction de son profil, de son histoire et des produits consommés, risque, hélas, de rechuter ou bien de repartir dans la spirale.
Sur le plan matériel, "certaines populations qui se trouvent chez les patients addicts sont sur le plan social très démunies". Ceux qui habituellement, "vivent de l'aide sociale, de la main tendue des associations et des ONG", se retrouvent à cause du confinement "dans le plus grand dénuement parce qu'elles ne peuvent plus aller s'habiller, se laver et recevoir une aide alimentaire".
La grande mobilisation autour des malades du Covid-19 ne doit pas faire oublier les patients qui souffrent d’autres pathologies. Particulièrement sensibles aux changements dans les rythmes de vie, les personnes souffrant d'addictions font partie des populations à risque en période de confinement. "On a eu des rechutes, on a entendu des patients dire je me suis réalcooliser, je n'arrive pas à renouveler mon ordonnance, témoigne l'addictologue, ce sont des appels au quotidien, on est obligés de faire des courriers, d'alerter les collectivités locales pour que ces personnes bénéficient de la même aide en période de crise sanitaire et sociale."
Et si les personnes souffrant d'addictions ne sont pas toutes violentes ou dangereuse, précise le Pr Benyamina, il y a "un risque à ne pas négliger" qu'elles en viennent à des gestes violents envers les autres mais aussi elles-mêmes. "Il faut maintenir le lien coûte que coûte." Un défi, à l'heure où, dans un esprit de convivialité, beaucoup organisent des apéritifs en visioconférence.
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