Il s’agit d’un rendez-vous exceptionnel dans sa forme, qui doit permettre au pape et à ses pairs de réfléchir sur les évolutions à apporter face à la question de la pédophilie. Le président de la Conférences des Evêques de France, l’archevêque de Marseille, Mgr Georges Pontier, y sera présent. Il se rendra à ce sommet avec des propositions très concrètes, soumises par des victimes d’abus sexuels au sein de l’institution.
"L’objectif est double. Le premier est de donner un message fort sur la prise de conscience en Eglise du drame que sont la pédocriminalité et la pédophilie. Des drames présents partout, mais d’une manière particulière au sein de l’Eglise, puisqu’elle est connotée d’une réalité spirituelle. On démolit physiquement, psychologiquement, mais aussi spirituellement des personnes" explique le président de la Conférence des Evêques de France.
"Elle ne sera jamais assez pleine tant qu’il y aura encore des faits malheureusement, et tant que les victimes ne seront pas encouragées à s’exprimer et à rendre compte de ce qu’elles ont subies" ajoute-t-il.
"Ce qu’il faut en attendre, ce n’est pas tant un texte qu’une poursuite d’un chemin de conversion, de révision de nos pratiques localement, et de notre engagement pour que ce fléau s’arrête. Et donc ce rassemblement aura des conséquences dans les différents pays, avec l’engagement des épiscopats et de toute la communauté ecclésiale car si les évêques et la hiérarchie a été défaillante, l’ensemble du peuple de Dieu a aussi été défaillant, avec des choses qui n’ont pas été dénoncées et qui auraient dû l’être" précise Mgr Pontier.
Mercredi 13 février dernier, l'archevêque de Marseille a dévoilé les propositions qu'il fera à l'occasion du sommet organisé au Vatican. Des propositions qui font écho à celles faites par les victimes qu’il a lui même rencontrées le même jour. Parmi elles, la création d’une instance pénale ecclésiale spécialisée sur la question de la pédophilie. A l’échelle nationale ou provinciale, cette sorte de tribunal écclésiastique serait constitué d’experts qui ne traiteraient que ces dossiers sensibles.
Autre piste de réflexion que portera le président de la Conférence des Evêques de France lors de ce sommet : une meilleure gestion des archives diocésaines et épiscopales, considérant que l’approche de ces dernières par l’Eglise restent à ce jour très incomplète au regard du droit français, notamment concernant le passif de chaque prêtre.
De leur côté, les victimes d'actes pédophiles dans l'Eglise ont soumis à Mgr Pontier l'idée de créer un statut de victime, qui passerait par "le droit, pour chacune d'entre elles, à un procès canonique pénal", et "la mise en place d'un fonds d'indemnisation interdiocésain national" pour les réparations financières.
L'objectif, d'après le président de la CEF cité par l'AFP, est de "créer un climat [pour] qu'aucune victime n'ait peur de s'exprimer à ce sujet. Ce serait une conversion profonde", évoquant par ailleurs "une omerta qui a été dramatique".
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