Charles-Henri de Malleissye-Melun est Directeur-Général de Fnac Vanden Borre en Belgique et au Luxembourg, un groupe de 1700 collaborateurs compte 85 points de vente. Il nourrit son unité de vie aux EDC pour son rôle de patron, aux END pour le couple qu’ils forment avec Aude et à la marche des pères pour sa paternité de 5 enfants. Pourquoi le mode managérial de Bernard Darty l’inspire encore aujourd’hui ? Comment rester proche du terrain ? Comment combiner électronique et recyclage ? Comment évolue le rapatriement en Europe de la production d’électro ? Une rencontre inspirante au micro de Jacques Galloy.
Charles-Henri de Malleissye-Melun est arrivé en Belgique en 1995. Il a été nommé à la tête de l'entreprise issue de la fusion entre Fnac et Vandenborre. En 1996, le groupe Fnac a acquis le groupe Darty, dont Vandenborre était une filiale. À ce moment-là, le directeur, le CEO de l'époque, Monsieur Alexandre Bompard, lui a confié la responsabilité de gérer l'intégration des deux entreprises, Vandenborre, comptant 1400 collaborateurs, et Fnac, 350 employés. Vandenborre est une marque d'origine belge, bien que son nom puisse laisser penser qu'elle vient du Nord de la France. Elle a débuté à Bruxelles et s'est étendue, notamment en Flandre, par le rachat d'enseignes dont une entreprise d'électroménager anversoise, dans les années 2000.
Il complète: “étant dans le secteur de la distribution, nous ne produisons rien, nous servons d'intermédiaire entre les fabricants et les utilisateurs. La véritable force de notre modèle commercial réside dans la capacité de chaque collaborateur à être exceptionnel vis-à-vis de nos clients et à satisfaire leurs besoins.”
Le groupe d’électroménager promeut une approche de réparation plutôt que de remplacement pour réduire l'impact environnemental de l'électroménager. Son groupe a lancé "Vandenborre Life" en 2020, offrant un abonnement mensuel pour des réparations illimitées d'électroménagers, encourageant les fabricants à prolonger la disponibilité des pièces détachées. Ils évaluent la fiabilité des marques et veillent à rendre les produits plus réparables. L'objectif est de changer la perception des consommateurs sur la réparation, prolongeant la durée de vie des produits, réduisant les déchets électroniques, et poussant les fabricants à relocaliser leur production en Europe. Cette approche vise à réduire l'empreinte carbone de l'industrie de l'électroménager et à favoriser une gestion durable des produits électroniques.
Charles-Henri souligne l'engagement de son entreprise à former des techniciens en collaboration avec des organisations sociales telles que les Petits Riens, offrant ainsi des opportunités à des personnes en difficulté de réintégrer le monde du travail.
A la maison, par contre, il n'est pas le patron, c'est Aude, son épouse, avec qui ils ont eu 4 merveilleux enfants. Deux d'entre eux sont plus ou moins établis en Belgique, le troisième est plutôt fixé en France, et le quatrième est encore en cours d'études, c'est une belle aventure. Aude est douée dans de nombreux domaines, notamment en tant qu'artiste peintre, et elle organise régulièrement des expositions pour présenter son travail. En plus de cela, elle s'engage pleinement dans la paroisse et contribue à de nombreuses activités, comme la confection de couronnes de l'Avent pour Noël. Elle est également bénévole au sein d'une association appelée "Un Toit deux âges" où elle assiste dans la gestion d'un immeuble destiné aux personnes âgées. Ensemble, ils font partie d’une Équipes Notre-Dame (END), ce qui lui permet de travailler sur son couple et de trouver un équilibre entre ses responsabilités professionnelles et familiales. Pour lui, la présence et la qualité du temps passé avec ses enfants sont essentielles, même si cela peut être un défi pour les hommes d'affaires qui ont souvent la réputation d'être absents de la vie de leurs enfants.
Lorsqu’il évoque sa jeunesse et son enfance, il n'a que de bons souvenirs. Il a eu la chance d'être entouré d'amour et de soutien de la part de ses parents. Il a grandi au sein d'une famille nombreuse composée de 7 frères et sœurs, dont 6 garçons et une fille. Il pense que cela a contribué à forger sa personnalité en lui apprenant l'importance de l'écoute et du travail collectif, et que seul, on ne peut pas accomplir grand-chose, mais ensemble, on peut réaliser beaucoup de choses. Il a toujours eu une relation très proche avec son père, car ils partageaient des centres d'intérêt similaires. Son père aimait bricoler et être en pleine nature, ce qui était également quelque chose qu'il appréciait énormément. Le décès de son père a été une période difficile pour lui, car il était encore jeune, à seulement 21 ans, ce qui a marqué son passage à l'âge adulte. Son père travaillait énormément en semaine et n'était pas très présent à la maison, mais ils profitaient de son temps libre les week-ends. Il a beaucoup d'admiration pour sa mère, qui, en revanche, était toujours présente pour eux, ses sept enfants.
Son père était ingénieur commercial dans l'industrie chimique, un homme audacieux qui a osé relever le défi de prendre en charge une famille nombreuse. Son travail leur permettait de subvenir à leurs besoins, même s'ils ne partaient pas en vacances comme d'autres familles. Ils n'ont jamais manqué de rien, et il a grandi à la campagne, un environnement auquel il est toujours très attaché. C'est là qu'il a grandi aux côtés de son père, de ses frères et sœurs, et de toute sa famille, une expérience qui a renforcé sa conviction que la famille est la fondation de tout.
Charles-Henri de Malleissye-Melun fait partie des premiers à avoir créé une équipe des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens (EDC) à Bruxelles. Cela s’est bien développé. Ils ont organisé une grande réunion courante en 2023, rassemblant plusieurs centaines de personnes. Les EDC fonctionnent en équipes, et ils ont créé cette première équipe en Belgique. Actuellement, ils comptent cinq équipes à Bruxelles, avec environ 10 à 12 membres chacune. Ces équipes se réunissent mensuellement, et ils organisent également des points de rencontre annuels, tant au niveau régional que national. Les rencontres des EDC sont extrêmement utiles dans son travail, car elles l'inspirent énormément. Les principes de la pensée sociale chrétienne qu'ils abordent sont en phase avec les discussions actuelles sur la responsabilité sociale des entreprises (RSE) et les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). Ils travaillent en équipe sur six principes fondamentaux : la dignité, le bien commun, la subsidiarité, la participation, la destination universelle des biens et la solidarité. Ces principes guident la réflexion sur la manière de traiter les collaborateurs, la mise en œuvre de la subsidiarité, et d'autres aspects de la gestion des entreprises.
Le patron évoque la dignité qu’il s'efforce d’accorder à l'ensemble des collaborateurs de l'entreprise. FNAC Vanden Borre est une grande entreprise avec 85 points de vente, 5 plateformes de livraison, et 2 entrepôts. Chaque année, il visite tous ces sites pour rencontrer ses collaborateurs. Il effectue des tournées avec les livreurs chez les clients, parfois en se présentant comme le directeur général ou en accompagnant un technicien du service après-vente, puisqu'ils ont leurs propres ingénieurs et techniciens pour les réparations. La dignité de chaque collaborateur est essentielle pour lui, et il attache une grande importance à les écouter et à reconnaître leur valeur au sein de l'entreprise.
Il travaille à équilibrer sa vie professionnelle et sa vie personnelle. En Belgique, les horaires de travail permettent d'avoir du temps en famille le soir, et les repas en famille ainsi que le déjeuner du dimanche sont des moments privilégiés pour renforcer les liens familiaux.
Il dit : “Je dirais que ce qui me séduit en Belgique, c'est avant tout la convivialité des Belges. Ils sont accessibles et ne se prennent pas trop au sérieux, créant ainsi une atmosphère chaleureuse. J'apprécie également leur style de vie, qui présente de nombreuses similitudes avec celui des Français. Lorsque nous partageons un repas, nos discussions portent souvent sur la cuisine, mais aussi sur des sujets parfois complexes pour moi, tels que la politique et l'organisation du pays avec ses divisions régionales et linguistiques. Néanmoins, c'est précisément cette complexité qui rend la Belgique si riche et fascinante, n'est-ce pas ?”
Une personne qui l’a fortement inspiré est liée à son parcours professionnel : Bernard Darty. Il faisait partie de la famille Darty, une famille juive d'origine polonaise qui a survécu aux camps de concentration et qui était composée d'excellents commerçants. Ils ont ouvert leur premier magasin d'électroménager en France, à Paris et en banlieue parisienne. Les frères Darty a développé ce que l'on appelle le "Contrat de Confiance," un concept qui a été transposé en Belgique. Ce contrat reposait sur trois principes fondamentaux : le choix, le service, et la confiance du consommateur, avant, pendant et après la vente. Ils avaient compris que vendre de l'électroménager était une chose que tout le monde pouvait faire, mais accompagner le client et lui offrir un service exceptionnel étaient les clés de leur succès.
Par ailleurs, les frères Darty ont été les premiers à mettre en place le concept de la participation des employés aux bénéfices de l'entreprise. En 1988, ils ont réalisé la première opération de rachat de l'entreprise par les salariés en France. Ils ont vendu 25 % de l'entreprise aux employés, 25 % aux dirigeants, et ont conservé 50 %. Les employés avaient également la possibilité d'investir leur participation dans l'entreprise, et pour chaque franc investi, ils ont reçu 6 francs en retour après cinq ans. Cette initiative a permis à de nombreux employés, tels que les techniciens du service après-vente ou les vendeurs en magasin, d'acquérir une maison, une piscine, ou même une nouvelle voiture grâce à leur participation. Bernard Darty a écrit un livre, "Une Histoire de Confiance," dans lequel il raconte cette histoire inspirante. Il ajoute : “Je vous encourage à le lire, car il est un modèle de réussite professionnelle et humaine pour moi.”
Charles-Henri de Malaisie évoque sa lecture de "L'Esprit Souffle où il Veut" de Hubert de Boisredon, un homme qui l'inspire profondément en raison de leurs similitudes. Hubert de Boisredon a grandi dans une famille catholique, a fondé une banque de crowdfunding en Amérique du Sud pour soutenir des projets micro-entrepreneuriaux, travaillé au sein de groupes internationaux, puis dirigé aujourd'hui une entreprise en Bretagne. Ce qui inspire Charles-Henri, c'est la volonté de Hubert de redonner à la société et sa cohérence entre ses convictions religieuses et son approche des affaires.
Lorsqu’il songe à un lieu qui lui est cher, il évoque sa maison de campagne située au sud de l'Aisne à Bruay. C'est un endroit au milieu des bois entre Paris et Reims, origine de sa famille, où il peut se ressourcer. Une citation qui a une grande signification pour lui est : "L'homme vaut plus par ce qu'il est que par ce qu'il a." Cette citation lui rappelle l'importance de valoriser les qualités et les valeurs intérieures des individus plutôt que leur statut matériel.
Il se ressource lors de la Marche des Pères dont il a été responsable durant quelques années. C’est un événement annuel en Belgique, qui a émergé de la "Marche des Pères de Famille de Cotignac" en France. Elle réunit environ une centaine de pères belges pour deux jours de marche, de partage, de prière, d'adoration, et de confession à Banneux, une région dotée d'un sanctuaire. L'événement encourage le ressourcement spirituel, renforce les liens entre les pères, et favorise la croissance humaine et spirituelle.
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