JavaScript is required

Libye: 10 ans après l'intervention militaire occidentale, quel bilan tirer ?

RCF,  - Modifié le 26 juin 2021
Le dossier de la rédactionLibye: 10 ans après l'intervention militaire occidentale, quel bilan tirer ?
Il y a 10 ans jour pour jour, les forces occidentales volaient au secours des rebelles libyens qui s’étaient soulevés contre le colonel Kadhafi un mois plus tôt.
podcast image par défaut

Il y a 10 ans jour pour jour débutait l’opération Harmattan en Libye. Les forces occidentales volaient au secours des rebelles libyens qui s’étaient soulevés contre le colonel Kadhafi un mois plus tôt. Une coalition qui regroupe la France, le Royaume Uni, les Etats-Unis, l’Otan mais aussi plusieurs pays arabes dont l’Egypte et le Qatar. Le début d’un très long conflit qui n’est pas terminé.  

La volonté d'éliminer Kadhafi

À l’époque, la résolution 1973 du conseil de sécurité de l’ONU autorise l’emploi de tout les moyens pour proteger les civils. Benghazi, principale ville rebelle, est sur le point de tomber. On se souvient du philosophe Bernard Henry Levy montant au créneau. Cette guerre qu’endosse le président de l’époque Nicolas Sarkozy a alors toute les apparences d’un conflit juste humanitaire. Mais 10 ans après, Kader Abderahim, enseignant à Sciences Po et directeur de recherche à l’IPSE a une autre analyse : "Je retiens moins la volonté d’une guerre préventive humanitaire qu’une volonté de puissance et d’éliminer un homme, Kadhafi, qui était perçu comme un trublion sur la scène internationale".

Le mythe d’une guerre humanitaire a vécu, tout comme celui du leadership français dans cette affaire. "La France n’a pas joué un rôle de décideur. La guerre a été d’abord décidée par le chef de la diplomatie américaine de l'époque, Hillary Clinton. L'Arabie Saoudite souhaitait cette guerre. Ce mythe de la France qui était seule en situation de pointe c’est pas la réalité historique", estime Jalel Harchoui, chercheur specialiste de la Libye auprès de l’ONG Global initiative à Genève.

Pas de construction de paix

Une fois Mouammar Kadhafi mort, lorsque la coalition se retire fin octobre 2011, il n’y aura pas d’initiative de stabilisation ni de construction de la paix dans un pays qui avait connu 40 ans de dictature. Et puis les Occidentaux ont idéalisé le rôle et celui de leurs partenaires du golfe, estime Jalel Harchoui. "À l’époque, l’Etat du golge qui était en vogue c’était le Qatar. Mais ça a été une catastrophe. L’Occident n’a pas rééellement essayé donc on ne peut pas parler d’échec. La tentative n’a pas été suffisament sérieuse", analyse le chercheur.

La résolution de l’ONU excluait une force militaire extérieure au sol. De fait, les milices n’ont jamais posé les armes. "Les milices qui avaient participé au soulèvement ont une lourde responsabilité parce qu'elles ont toujours refusé de déposer les armes. Elles ont mis en coupe réglée le pays. Il y a eu beaucoup de loupés, beaucoup d’Etats étrangers. On a vu à quel point ce conflit avait provoqué la déstabilisation insitutionnelle du Maghreb", souligne Kader Abderahim.

Après la nouvelle guerre civile de 2014, le pays est resté déchiré entre l’ouest et l’est, avec d’un coté à Tripoli le gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l’ONU. Il est soutenu par la Turquie. À l’est, le maréchal Haftar, est lui soutenu par les Emirats arabes unis, l'Egypte et la Russie.

Un lourd tribut pour les civils

Quoi qu’il en soit les civils sont les principales victimes de ce conflit. Des dizaines de milliers de morts, peut-être plus, et des civils notamment des migrants pris dans une nasse de violences. "C’est vraiment la population civile qui paie le prix de 10 ans de conflit et de violence. Ces milices commettent des crimes de guerre en toute impunité", déplore Diana Eltahawy, directrice adjointe du programme Proche et Moyen-Orient à Amnesty International.

Amnesty et d’autres ONG dénoncent toujours la situation et aussi l’attitude de l’Union européenne vis-à-vis de migrants renvoyés en Libye. En octobre, un cessez-le-feu a été arraché après un an de combat entre le GNA et les forces d’Haftar. L’envoi massif d’armes et de mercenaires a fait pencher la balance du côté de Tripoli. Un fragile processus de normalisation est en cours des élections sont prévues pour décembre mais personnes n’y croit vraiment. 

Le dossier de la rédaction © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Le dossier de la rédaction
Le dossier de la rédaction © RCF
Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.