Je ne vais pas trop m’étendre, on en a beaucoup parlé. Juste pour rappeler que c’est une directive européenne dont la transcription en France a été faite par le ministère des finances qui a décidé, sans concertation, d’inclure les accueils collectifs de mineurs dans le champ des professionnels du tourisme. Cela aura des conséquences financières très compliquées à assumer, voire désastreuses pour certaines organisations. Dans le Figaro, la direction de la jeunesse au sein du ministère de l’éducation affirme qu’une solution sera trouvée d’ici une quinzaine de jours. La directive devant entrer en application au 1er juillet, il y a urgence et on ne pourra pas se contenter d’un pansement il faudra une solution durable.
Au-delà de la question financière, il y a aussi un problème plus politique : celui de la visée sociale de ces organisations à but non lucratif. Le secteur militant, associatif, de l’éducation ne peut pas être assimilé à du commerce. Nous sommes des éducateurs, pas des tours-opérateurs. Cette situation traduit une évolution qui a des racines anciennes.
On vit quand même une époque où tout est marchandisé. Et finalement, que des adultes s’engagent bénévolement pour faire vivre des activités éducatives à des jeunes, sans chercher à en faire du profit, et bien dans un monde où tout est financier, c’est incompréhensible.
Et puis, depuis plusieurs années, on observe malgré tout un glissement d'une partie du secteur des colonies de vacances vers du tourisme, vers de la prestation simple, glissement qui s’est accéléré quand il a fallu répondre à la crise qui a touché tout le secteur de l’éducation populaire - dont le scoutisme - dans les années 90. Et cela s’est traduit par une plus grande sectorisation. C’est-à-dire qu’on a perdu de vue la mixité sociale, elle est devenue secondaire. On a de plus en plus de colos qui ressemblent à des séjours de tourisme pour mineurs. Et les familles ne sont plus en mesure de différencier colo éducatives à but non lucratif et ces séjours qu’on achète comme on organise ses vacances.
Le scoutisme, lui, a répondu à cette crise par son but et ses valeurs. Pas par de la réglementation, des assurances, une amélioration du confort, etc… Non. Par ses valeurs. Et on trouve là une grande partie de l’explication du succès actuel du scoutisme.
Succès qui est confirmé par une enquête Opinion Way qui sort aujourd’hui, que vous retrouverez aujourd’hui dans Ouest-France et la Vie, selon laquelle deux Français sur trois ont une image positive du scoutisme, c’est une progression de 4 points en 4 ans. Parce que le scoutisme ne s’est jamais compromis avec le secteur marchand, parce que nous sommes toujours restés dans la droite ligne de nos convictions, que nous avons toujours repris ces paroles de Baden-Powell : "Nous sommes là pour rendre ce monde un peu meilleur", pour toutes ces raisons, aujourd’hui les familles nous font de plus en plus confiance. Les plus de 20.000 bénévoles des Scouts et Guides de France sont engagés et passionnés. Ils sont la preuve que tout ne pourra jamais devenir objet commercial.
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