Cette décision est d’abord celle d’Edouard Philippe. Le président de la République la défend tièdement et les ministres de l’Intérieur et de la cohésion des territoires n’ont pas vraiment caché leur opposition. Pourtant, le Premier ministre a persisté et signé vendredi le décret, lequel a été publié dimanche au Journal officiel.
Pour lui, 3 684 tués sur les routes l'an dernier, c’est trop, et il est convaincu qu’abaisser la vitesse permettra de sauver entre 300 et 400 vies chaque année. Ce sont les estimations fournies par les scientifiques mais aussi les associations de victimes. Ainsi, la Ligue contre la violence routière a publié dans le JDD de dimanche, les résultats d’une enquête menée dans 91 départements pour recenser les routes qui tuent le plus.
Cette étude et la limitation à 80 km/h sont très mal perçues auprès des usagers de la route et les élus, en particulier ceux des zones rurales. Ils sont persuadés que l’abaissement de la limitation de la vitesse ne permettra pas d’améliorer leur sécurité, qu’elle portera atteinte à leur mobilité et les exposera à des sanctions plus nombreuses.
D’ailleurs, jeudi 21 juin, les députés vont examiner une proposition de loi visant à permettre aux préfets et présidents de conseils départementaux de maintenir la vitesse maximale autorisée à 90 km/h. Tour à tour, au micro de Denis Charbonnier, Jérôme Lambert, député de la Charente et Didier Bourdeau de l’association les motards en colère, très remontés contre la limitation à 80 km/h vont la soutenir,
Concernant les opposants, ajoutons que la Ligue de défense des conducteurs et l'Automobile club des avocats ont annoncé qu'ils allaient déposés un recours devant le Conseil d'Etat pour obtenir l'annulation de cette mesure. Ces arguments contre les 80 km/h, Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière, s’il les entend, estime qu’ils reposent sur des contre-vérités. Depuis le mois de janvier, il fait un tour de France pour tenter de convaincre les élus locaux du bien fondé de la limitation à 80 km/h.
L'analyse des accidents mortels en 2017 montre que la vitesse excessive ou inadaptée reste la cause principale devant la surconsommation d'alcool puis le non-respect des règles de priorité. Des accidents aux lourdes conséquences. Dans les 58 900 accidents corporels recensés, 3 456 personnes y ont perdu la vie, 74 000 ont été blessées dont 27 700 hospitalisées. Plusieurs milliers sont aujourd’hui lourdement handicapées. Pour les familles, c'est évidemment à chaque fois un drame.
Si la limitation à 80 km/h fait beaucoup parler, le 9 janvier dernier, ce sont bien 18 mesures que le Comité interministériel de la sécurité routière a adopté. Plusieurs d'entre elles portent sur une meilleure prévention et information des jeunes, sur la sensibilisation des conducteurs à leur comportement, notamment le téléphone et l’alcool ou sur l’amélioration de la prise en charge des victimes d’accidents. Pour en revenir à la limitation de la vitesse à 80 km/h, à partir du 1er juillet, vous pourrez être pénalisés si vous roulez au-delà de 80 même en présence de panneaux à 90 ou en absence de signalisation.
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