Hausse des prix des carburants, raréfaction des matières premières, fin annoncée des véhicules thermiques... Les sujets d'inquiétude sont multiples pour les usagers. Mais l'incertitude est également de mise du côté des professionnels du secteur automobile qui envisagent l'avenir de leur activité professionnelle avec désarroi.
L'Eurométropole de Strasbourg a décidé de prendre les devants. Face à l'obligation légale d'instaurer une Zone à Faibles Emissions sur son territoire, elle fait le pari d'aller plus loin en envisageant d'interdire purement et simplement les véhicules diesel dans certaines communes. La décision est encore loin d'être validée, d'autant qu'entre temps, les élections municipales seront passées par là. Mais si le flou reste de mise sur les délais municipaux, le couperet demeure. Pour faire face au défi climatique, l'Europe a fixé l'horizon 2035 pour bannir les véhicules thermiques.
C'est donc à l'électrique que vont se conjuguer les mobilités, pour améliorer la qualité de l'air que nous respirons. Une solution qui peine à convaincre les professionnels du secteurs automobiles. Pour le garagiste Mathieu Nuss, l'électrique n'est qu'une illusion, une 'supercherie' à laquelle nous ne sommes pas préparés. La faute aux coûts de fabrication, à des véhicules chers, peu adaptés aux besoins du quotidien en matière de déplacement. L'autonomie, trop faible, est notamment pointée du doigt par Philippe Speisser. Il gère une entreprise de pièces automobiles et ne voit pas comment il pourrait assurer ses livraisons en roulant 'électrique'. Il a bien tenté de discuter avec l'Eurométropole, mais n'a pas trouvé de réponses à ses interrogations.
L'un et l'autre sont pourtant convaincus qu'il faut agir en faveur de la planète. Car derrière le scepticisme envers l'électrique se traduit surtout une profonde inquiétude pour l'avenir du métier. L'électrique signe la fin des vidanges et des entretiens réguliers. C'est aussi la fin d'un lien passionnel pour Mathieu Nuss, avec cette mécanique qui vit, s'incarne face à son savoir-faire. Les garages de demain ne seront plus ceux d'aujourd'hui, et c'est ce virage à angle droit qui agitent aujourd'hui ces professions de l'automobile. Il va falloir se réinventer, envisager autrement le métier.
Hausse des prix et marché à l'arrêt
En 2021 en France, près de 1 700 000 véhicules ont été achetés. En 2019, les nouvelles immatriculations s'élevaient à 2 200 000. Une dégringolade déjà présente en raison de la crise des semi-conducteurs et des matières premières, et qui se poursuit à cause du conflit russo-ukrainien. Philippe Speisser se tourne désormais vers les Etats-Unis pour les commandes de ses pièces, tandis que les délais s'allongent. Mais comment répondre à la demande de l'électrique si la production est limitée et que les pièces viennent à manquer ?
Pour les deux professionnels, l'équation n'a pas de solution, faute de temps et de moyens adaptés. Ils observent d'un coin de l'oeil le rétropédalage de certains constructeurs qui remettent sur le marché des modèles diesel. Le temps est donc paradoxalement à l'attente, là où les spécialistes du climat se rejoignent sur l'urgence d'agir. En attendant, Mathieu Nuss voit les demandes de pose de kits bioéthanol exploser auprès de son garage. Moins cher, ils se présentent comme une alternative face à la flambée des prix du carburant.
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