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L'Italie, un cheval de Troie européen pour la Chine?

RCF,  - Modifié le 21 mars 2019
​Le président chinois Xi Jinping entame aujourd’hui une tournée européenne.
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Il va arriver à Rome, où il signera avec le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, un protocole d’entente sur son projet des "nouvelles routes de la soie". Ce programme colossal lancé par Xi Jinping en 2013 vise à accroître les échanges commerciaux de la Chine grâce notamment au financement d'infrastructures routières, ferroviaires et maritimes pour désormais plus de 900 milliards de dollars dans 123 pays en Asie, Afrique et Europe.
 

Très bien…

Non, pas vraiment. L’Italie est le premier pays du G7, les sept plus importantes puissances économiques occidentales, à s’associer à ce programme qui dans l’Union européenne a déjà séduit la Grèce, le Portugal et la Hongrie, des pays de moindre importance.
Les États-Unis, tout comme le Fonds monétaire international ou l’Union européenne y voient une stratégie de la Chine pour étendre son influence à l’Ouest, en particulier dans les pays fortement endettés. La dette publique de l’Italie est la plus élevée de la zone euro, après la Grèce.
 

Que craignent les partenaires de Rome ?

Que l’Italie devienne en quelque sorte un cheval de Troie pour les Chinois… Comme le rappelle dans La Croix notre correspondante à Rome, Anne Le Nir, ces derniers se sont déjà approprié certains des fleurons italiens, des pneus Pirelli aux yachts Ferretti en passant par le club de foot Milan AC, acheté à Silvio Berlusconui. Elle détient aussi des parts importantes dans le constructeur auto Fiat Chrysler Automobiles, dans Telecom Italia et dans Enel, le géant public de l’énergie.

Pékin, dont 95% des produits manufacturés sont acheminés par voie maritime, souhaite investir au plus vite dans les ports de Trieste, dans la mer Adriatique, et Gènes, dans la Méditerranée. Un bateau passant par le canal de Suez et déchargeant par exemple à Trieste, gagnera cinq jours pour arriver sur les marchés européens, par rapport à un accostage à Anvers ou Hambourg.
 

Quels sont les risques ?

Les Routes de la soie ont des aspects positifs car elles permettent de financer des infrastructures, même si ces dernières sont construites par des entreprises chinoises avec des ouvriers chinois venus s’installer pour le chantier. Elles sont par ailleurs souvent de mauvaise qualité. Mais le plus grave, comme le rappelle mon confrère Alain Guillemoles dans La Croix, c’est que les Chinois exigent, en échange de leurs prêts, des garanties en nature mentionnées dans des clauses secrètes des contrats.

La population du Sri Lanka l’a découvert brutalement en 2017. Après avoir accepté d’importants prêts chinois, le pays s’est trouvé en défaut de paiement. Et il a dû céder pour 99 ans la gestion d’un port en eaux profondes à la Chine… Cette prise de contrôle a été un électrochoc en Asie. Plusieurs pays, comme la Malaisie, ont ensuite renoncé à de gros prêts chinois, dénonçant le risque d’un "néocolonialisme".
 

Xi Jinping arrive dimanche en France. Paris va-t-il s’associer aussi aux nouvelles routes de la soie ?

Non. Emmanuel Macron a estimé la semaine dernière que les Européens devaient avoir une "approche coordonnée" face à Pékin dans ce dossier. La Commission européenne est sur la même ligne. Elle a d’ailleurs présenté hier un document très ferme où la Chine est présentée comme un "concurrent stratégique en quête de leadership technologique" et un "rival systémique". Une première qui illustre la prise de conscience européenne face aux ambitions chinoises.

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