Le moulin de Brissac fait partie des 18 sites emblématiques sélectionnés pour le Loto du patrimoine 2023. Bâti au XVIème siècle, c'est l'un des deux derniers moulins caviers de Maine-et-Loire, mais il menace de s'écrouler. Il y en a pour près d'un million d'euros de travaux de restauration.
Il y aura sa photo sur les tickets du Loto du patrimoine. Le moulin de Brissac fait partie des 18 sites emblématiques sélectionnés pour l’édition 2023. Il bénéficiera d’une aide financière pour sa restauration.
Perché sur le coteau de l’Aubance, le moulin de Brissac a été racheté en 2020 par Philippe Cauwel et sa femme. « On l’a racheté pour le restaurer, parce que ça nous fendait le cœur de le voir appelé à disparaître », explique l’ancien maire de Brissac-Quincé (2001-2008).
C’est un moulin cavier, typique de l’Anjou. « Il est en trois parties : une cave, dans laquelle se trouve le mécanisme pour moudre, le masserot, une partie aérienne en forme de cône, au sommet duquel est posée la hucherolle », décrit Philippe Cauwel.
« C’est une structure en charpente qui porte les ailes et l’échelle, et c’est cette partie-là qui tourne et qu’on place face au vent », détaille-t-il. Construit aux alentours de 1580, le moulin de Brissac a produit de la farine jusqu’en 1949.
Sur les 650 moulins caviers recensés en Anjou en 1809, c’est l’un des deux derniers qui sont encore sur pied. Inscrit aux Monuments historiques en 2022, le moulin de Brissac est aujourd’hui en péril.
« Il est sur le point de s’écrouler, alerte Philippe Cauwel. D’ailleurs vous voyez qu’il est étayé à l’extérieur, et surtout à l’intérieur », montre-t-il en poussant la porte, laissant voir de nombreux blocs de tuffeau tombés au sol.
« La partie aérienne pèse 12 tonnes, et elle est placée à 16 mètres de haut face au vent, explique-t-il. Pour contrebalancer la force du vent, le moulin est sur une masse, qui a été constituée par l’homme avec la cave à l’intérieur. »
« Malheureusement, cette masse s’est écroulée des côtés nord et sud, et le moulin risque à tout moment de basculer, craint son propriétaire. Il fallait absolument lui sauver la vie, sinon il serait tombé dans les cinq ans à venir. »
Le chantier est de taille. « Il faut à la fois refaire complètement la maçonnerie intérieure en taille de pierre, démonter tout le mécanisme pour le restaurer et démonter toute la charpente pour vérifier chaque pièce et refaire à l’identique celles qui en ont besoin », détaille-t-il.
Le coût des travaux de rénovation est évalué à 860 000 euros, « mais les devis n’arrêtent pas de grimper », constate Philippe Cauwel. En plus d’un apport personnel « de 25 à 29 % », sa femme et lui ont demandé des subventions au Département, à la Région et à la Drac (Direction régionale des affaires culturelles).
« Le chèque du Loto du patrimoine devrait nous permettre de boucler le budget », se réjouit-il. Le chantier doit commencer à l’automne 2023, après la remise du chèque. Les travaux doivent durer entre un an et un an et demi.
Une fois restauré, le moulin ne restera pas inanimé. « Ce patrimoine doit être vivant, martèle Philippe Cauwel, donc il faudra que les ailes tournent et qu’on y fasse de la farine, pas dans un but commercial mais dans un but pédagogique. »
C’est aussi une question de survie. « Un moulin qui ne tourne pas, il prend l’humidité en permanence du même côté, et toutes ses parties de charpente qui sont hyper exposées, si elles ne sont pas ventilées, elles pourrissent », explique-t-il.
C’est ce qui est arrivé aux ailes, qui ont dû être enlevées en 1996. Elles n’avaient pas tourné depuis leur restauration en 1978. « Il faut absolument que le moulin tourne régulièrement pour ne pas rester dans la même position pendant des semaines », insiste Philippe Cauwel.
Pour ça, il compte sur les 228 adhérents de l’Association des amis du moulin de Brissac. Le tirage au sort du Loto du patrimoine aura lieu le 16 septembre 2023. En 2022, ce jeu avait permis de lever plus de 26 millions d’euros au profit de la restauration du patrimoine.
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