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L'uniforme scolaire, une bonne idée ?

RCF,  - Modifié le 6 juin 2018
À Provins (Seine-et-Marne), à partir de la rentrée prochaine, les élèves du primaire vont sans doute porter un uniforme. Et ça ne plaît pas à François Mandil.
image Pixabayimage Pixabay

J’ai déjà expliqué sur cette antenne toute la différence qu’il y a entre une tenue scout, portée volontairement par les jeunes, qui ont librement choisi de rejoindre ce groupe, et un uniforme imposé à des jeunes de façon à ce que pas une tête ne dépasse. Et cette lubie de l’uniforme, le fait que ce débat existe, en dit assez long sur le rapport de la France à sa jeunesse. Tout d’abord, il est faux de parler d'un "retour" puisqu’il n'y a, en réalité, jamais eu d'uniforme généralisé en France : la blouse restait en classe, elle n'était justifiée que par la salissure de l'écriture à la plume et elle a disparu avec l’apparition des bics. En utilisant le terme « retour », les défenseurs de l’uniforme se placent volontairement dans l’imaginaire d’un passé idéalisé et tellement fantasmé qu’il est totalement réinventé.

Et je veux leur conseiller de regarder Harry Potter. C’est un ami dominicain qui a subi l’uniforme et qui ne le souhaite à personne qui me le faisait remarquer. Si les politiques avaient un peu plus regardé Harry Potter, ils sauraient bien ce que savent tous les ados et jeunes adultes : le port de l'uniforme n'empêche absolument pas les enfants de repérer de quel milieu social ils viennent. Ron Weasley et Harry Potter font totalement péquenots à côté des Malfoy, qui le leur font bien sentir, et tout cela malgré leur uniforme commun. Et dans la vraie vie, cette évaluation de la richesse et du milieu d'origine passe par des tas de petites choses... Les différences se reportent sur d'autres éléments. Sur les chaussures, les bijoux, la montre, le téléphone, la mention de où on passe ses vacances, de ses activités du mercredi, la coiffure etc.

Non seulement l’uniforme n’a jamais permis de gommer les différences, mais en plus, qu’est-ce que c’est que cette société où l’urgence n’est pas de réduire les différences sociales mais de les cacher ? Qu’est-ce que c’est que cette société où on préfère cacher les replis identitaires communautaristes plutôt que de les empêcher, replis qui peuvent en effet s’exprimer par l’habillement ? Une société où la seule réponse qu’on a pour donner envie aux jeunes de se sentir reconnus et aimés de la République, c’est de leur ôter leur possibilité d’être eux-mêmes ? L’étape d’après, pour assurer l’égalité, c’est d’imposer une musique uniforme, une pensée uniforme ?

Nous vivons dans une période où la part des moins de 25 ans n’a jamais été aussi faible. Ces moins de 25 peuvent de moins en moins apporter leurs idées, leur renouvellement, leur joie. Prenons garde à ce que les générations qui ont toujours été majoritaires en nombre, qui confisquent les pouvoirs depuis des décennies, ne se laissent pas emporter par une détestation de la jeunesse, de son exubérance et de sa créativité. Les signaux d’alerte se multiplient. Que ce soit par le service national universel ou l’uniforme à l’école, la ligne directrice reste toujours celle de faire rentrer dans un moule triste et sans couleur. La ligne, c’est celle d’une jeunesse considérée comme un poids et non comme une source de créativité. Une jeunesse dont on se méfie a priori.  

La bonne nouvelle, c’est qu’à chaque fois qu’on a voulu la normaliser, la jeunesse s’est inventé un langage, des codes, des danses … pour se démarquer. Et ça, vous ne leur enlèverez jamais !

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