L'année 2025 marque le 1700ᵉ anniversaire du concile œcuménique de Nicée, une commémoration qui donne à la semaine de prière pour l'unité des chrétiens une saveur toute particulière. Le thème de réflexion de l'année, "Crois-tu cela ?", amène les chrétiens à réfléchir à leurs croyances communes. Pierre Blanzat, pasteur et responsable du service œcuménisme de la Fédération Protestante de France, livre sa vision de l'entente entre les chrétiens au micro de RCF et Radio Notre-Dame.
La date de la Pâque sera commune à tous les chrétiens en 2025, c’était l’un des objectifs du concile de Nicée.
Une semaine par an est organisée un temps de prière pour l’unité des chrétiens. Pour Pierre Blanzat, cette prière est en réalité présente chaque jour dans son cœur et dans son espérance. "J'espère que c'est chaque jour de l'année où la question de l'unité est au cœur de notre espérance, de notre engagement, de notre prière." L’unité est donnée à l’origine par le Christ, rappelle le responsable du service œcuménisme de la Fédération Protestante de France. Il existe cependant une mosaïque de variétés d’églises et d’expressions de foi et d’espérance. "C'est une richesse parce qu'elle nous empêche d'enfermer notre compréhension de Dieu dans une formule. Et en même temps, c'est une fragilité parce qu'on est sans cesse en train de balbutier quelle est notre conviction profonde, alors que c'est une conviction qui est tellement forte qu'elle nous fait vivre."
C’est parce qu'on fait confiance au Seigneur, parce que le Christ est au cœur de notre foi, que notre engagement est là.
Le pasteur Pierre Blanzat souligne le sens du thème de cette année, "Crois-tu cela ?". Il explique que croire, c’est faire confiance à quelqu’un, au Seigneur. "C’est parce qu'on fait confiance au Seigneur, parce que le Christ est au cœur de notre foi, que notre engagement est là." Le fait de croire en le Christ suscite de l'intérêt pour les personnes qui revendiquent la même foi, bien qu’elles l’expriment parfois de manière différente, explique Pierre Blanzat. Il témoigne avoir eu le privilège de rencontrer une grande variété de chrétiens au cours de sa vie : de sa formation à Montpellier dans une faculté protestante, jusqu’à ses études à Québec au sein d’une faculté catholique. "Le quotidien des jours, c'était plutôt un œcuménisme spirituel, la découverte qu'on pouvait partager une prière ensemble. Parfois c'est une même prière, parfois aussi on s'invite mutuellement chez l'autre, on se sent un peu comme un touriste parfois."
La grande vocation du christianisme dans nos sociétés est d'offrir un espace de dialogue véritable, explique le responsable du service œcuménisme. Le dialogue au sein des sociétés aujourd’hui est difficile, poursuit Pierre Blanzat. "On a l'impression que les choses sont de plus en plus clivées et qu'on n'arrive plus à dialoguer, on n'arrive plus à explorer nos désaccords et alors, on n'arrive plus non plus à formuler une forme d'accord." Le pasteur compare cet espace de dialogue à une sorte de service public des chrétiens pour la société. "Je crois que l'œcuménisme nous aide à dialoguer, à visiter ensemble nos lieux d'accord et de désaccord."
Parfois, ce sont les chrétiens qui, d'une même voix, interpellent les pouvoirs publics et le gouvernement.
Dans l’œcuménisme, il est possible de parler d'une seule voix pour les chrétiens sur des sujets de société. Par exemple, le gouvernement, le président de la République fait appel aux chrétiens, qui peuvent parfois parler d'une seule voix. C'est une manière concrète de participer ensemble au débat de société, au dialogue avec la société. "Parfois, ce sont les chrétiens qui, d'une même voix, interpellent les pouvoirs publics et le gouvernement", rappelle Pierre Blanzat. Le pasteur souligne que récemment, le CCF, le Conseil d'Églises Chrétiennes en France, a interpellé le gouvernement au moment de la dernière COP. C’est un événement qui pourrait se reproduire sur des sujets où les Églises sont très mobilisées et très unies dans leurs revendications, conclut Pierre Blanzat.
Il y a un champ très essentiel aujourd'hui pour notre société : l'écologie. Les chrétiens parlent d'une seule voix là-dessus et vont le faire de manière encore plus forte cette année pour les dix ans de Laudato Si’, selon Pierre Blanzat. "J'ai été étonné de voir à quel point il a été repris dans de nombreux groupes œcuméniques. Quand on apprend à découvrir la manière d'exprimer une intelligence d'une situation, une lecture des signes des temps, on peut s'y associer et l'enrichir encore."
Quand on apprend à découvrir la manière d'exprimer une intelligence d'une situation, une lecture des signes des temps, on peut s'y associer et l'enrichir encore.
Le second enjeu est celui des conflits violents qui déchirent le monde. Le pasteur témoigne d’une rencontre de jeunes théologiens et non-théologiens à laquelle il avait assisté à l’Institut Œcuménique du Moyen-Orient. "Des pentecôtistes, aux syriacs, aux coptes, en passant par les anglicans, les protestants, les luthéro-réformés, les catholiques et les orthodoxes, voir ces jeunes qui vivent dans des conditions difficiles, très travaillées et déchirées par l'actualité, vivre ce temps de connaissance mutuelle, d'approfondissement pour pouvoir découvrir comment ils pouvaient mieux être des témoins dans leur situation. C'était tellement porteur d'espérance." Pour le pasteur, le grand engagement des chrétiens pour demain doit être celui de la paix.
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