Olivier Savignac face à son violeur. Mardi dernier, à Orléans, se tenait le procès du père Pierre de Castelet. Trois ans de prison ferme, dont six mois avec sursis, ont été requis contre ce prêtre. Un soulagement pour Olivier Savignac, l’une de ses victimes. "J’en sors soulagé parce que j’ai pu mettre des mots sur mes questions, mes doutes. La justice des hommes a pris ses responsabilités. Cela a été également pour nous victimes de la reconnaissance de notre statut, et ça, c’est un acte important. J’ai déposé au tribunal ce que j’avais encore de lourd en moi" explique âOlivier Savignac, victime d’abus sexuel de la part d’un prêtre jugé mardi dernier à Orléans.
"Cette reconnaissance du statut de victime est importante. C’est nécessaire pour passer à autre chose et pour enfin ranger ce traumatisme dans la bonne case, et ne plus subir. C’est ça qui est important, et c’était aussi l’enjeu du procès pour nous. Pour l’Église, l’enjeu était d’envoyer un signal fort et je crois qu’il a été donné. Les réquisitions du procureur que certains trouvent très sévères sont un signal très fort qui veut dire : stop, ça suffit. Ce ne sont pas des questions de second ordre, et l’Eglise doit se saisir de ces questions" ajoute celui qui a été invité à s’exprimer durant l’Assemblée plénière d’automne qui se tiendra à partir du samedi 3 novembre à Lourdes.
Depuis 2017, la parole des victimes d’abus sexuels dans l’Église s’est libérée, après l’affaire Preynat, dans le diocèse de Lyon. Pour Mgr Luc Crépy, président de la cellule permanente de lutte contre les crimes de pédophilie dans l’Église, "c’est important que les évêques puissent entendre des témoignages. À partir de ces témoignages, les personnes invitées vont aussi traiter un certain nombre de thèmes importants", lors de l’Assemblée plénière des évêques. "A partir de ces rencontres, il y a d’autres choses qui pourront se mettre en place" a joute-t-il.
"Mgr Crépy donne bien la couleur de ce que seront les échanges de demain. Maintenant, je vais aller plus loin. Certes, c’est consultatif. On y va pour leur parler, mais également pour délivrer un cri, le cri des victimes qui ont souffert depuis des années. Je crois que ce cri là, enfin, il faut qu’il soit entendu. Ce que je regrette, du côté des évêques, c’est le manque de préparation de cette rencontre. Cela a été préparé il y a quelques semaines. Je crois que ce thème doit être traité avec bienveillance, et un certain approfondissement. Et je n’ai pas senti de la part des évêques un réel travail" réagit Olivier Savignac.
"C’est un problème d’ampleur, et il nécessite d’énormes moyens pour enquêter. Et cela est nécessaire. D’abords pour les victimes de ces abus, qui sont restées dans leur silence, car c’était leur éducation, car c’était aussi le milieu catholique. Ces personnes doivent être entendues. L’Église doit permettre cette parole mais à travers une action qui est de mettre au cœur de ses préoccupations les victimes, mais aussi les victimes collatérales. Je souffre avec mes amis prêtres qui sont persécutés. Ils sont sujets à amalgame. Et ça, ce n’est pas possible" lance encore cette victime d'un prêtre pédophile.
Parmi les victimes qui sont invitées à témoigner durant l’Assemblée plénière des évêques d’automne, certaines ont choisi de garder l’anonymat en raison de la taille du traumatisme qu’elles ont subi. Olivier Savignac a choisi de parler en public. "Un chrétien doit témoigner. Nous ne sommes pas là pour accabler l’Eglise, nous sommes là pour l’aider, pour qu’elle s’en sorte. Mais on attend qu’il y ait des réponses. On n’attend pas une communication mielleuse de la part des évêques de France, mais qu’ils se positionnent. Aujourd’hui, c’est nécessaire. Ils doivent se positionner au nom du Christ, au nom de ce message d’Amour" conclut-il.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !