« Nous ne supprimerons pas les pensions de réversion », qui permet aux veuves et veufs de toucher une partie de la retraite de leur conjoint décédé, a dit hier Jean-Paul Delevoye dans une interview exclusive à La Croix. Oui, le haut-commissaire à la réforme des retraites voulait éteindre l’incendie allumé ces derniers jours, qui avait suscité des réactions indignées de tous côtés, des syndicats aux partis politiques de droite et de gauche. Il y avait de quoi : la pension de réversion, qui permet aux veufs de toucher une partie de la retraite de leur conjoint décédé, concerne aujourd'hui 4,4 millions de personnes, dont neuf sur dix sont des femmes.
La pension de réversion moyenne s’élève à 640 euros pour les femmes, ce qui représente près de la moitié de leur pension et s’élève à 304 euros pour les hommes. Surtout, un million de bénéficiaires n'ont aucune pension de droit « propre ». Pour elles - il s’agit à 96% de femmes -, la réversion est la seule ressource. L'incendie avait été allumé par un document envoyé par la petite équipe regroupée autour de Jean-Paul Delevoye et destiné aux partenaires sociaux. Il posait une question simple : « Doit-on maintenir des pensions de réversion (...) avec quels objectifs et sur quels critères » ?
C’est donc, en quelque sorte, Jean-Paul Delevoye et son équipe qui l’ont allumé. Mais ça fait partie de sa mission. Chargé par Emmanuel Macron d’une grande concertation en vue de l’instauration du futur « système universel de retraite » pour remplacer la quarantaine de régimes existants, l’ancien président du conseil économique et social ne cesse de répéter qu’il veut poser « toutes les questions », sans tabou.
Sur le principe, le débat est donc clos. A la Croix, Jean-Paul Delevoye a bien précisé qu’à ses yeux, je cite : « le mariage entraîne une solidarité forte sur les ressources, les dettes, le train de vie d’un couple avec parfois des accords entre conjoints pour que l’un travaille plus que l’autre. Au moment de la retraite, ce pacte conjugal se traduit, en cas de veuvage, par la réversion. Pas question de remettre ce principe en question ».
Le débat n’est pas clos sur les modalités. Il existe actuellement 13 systèmes de réversion différents, dans lesquels les paramètres d’âge - 55 ans la grande majorité, 65 pour certaines professions libérales-, de conditions de ressources - pour les salariés du privé mais pas les fonctionnaires -, de durée de mariage ou de non remariage pour certains, et de taux de réversion (50% pour les fonctionnaires, 54% pour les retraites de base des salariés du privé, des agriculteurs ou des artisants, varient ! Résultat, que vous soyez marié avec un médecin, un agriculteur ou un fonctionnaire, selon le hasard qui fait que l’un meurt avant l’autre, des règles différentes vont s’appliquer à l’intérieur même du couple. Le but est d’unifier tout cela. Bon courage à Jean Paul Delevoye…
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