Alors que l’épidémie de coronavirus continue de s’étendre, le monde entier semble spontanément s’accorder pour assimiler cette période à l’une des "crises" les plus importantes de l’Histoire contemporaine. Sans vraiment avoir conscience d’employer un terme finalement lourd de sens. Pour Thomas Meszaros, maître de conférences en science politique à l’Université Lyon 3 et président-fondateur de l’Institut d’études de crise de l’intelligence stratégique et économique (IEC-IES), "la 'crise' est un terme qui s’est galvaudé au cours des années".
"Progressivement, le mot 'crise' est devenu synonyme d’incertitude et de confusion, relève Thomas Meszaros. Mais étymologiquement, ce terme signifie 'séparer, crier et décider'." Et de préciser : "Une crise renvoie à une situation que l’on pourrait qualifier de rupture de l’équilibre, avec des choix qui s’imposent."
D’après Thomas Meszaros, cette pandémie a d’ailleurs engendré plusieurs crises successives : "Une crise sanitaire, à cause de l’incapacité du système de santé et de soins à supporter la contrainte qu’a fait peser le virus sur la population ; une sociale qui s’est illustrée avec des inégalités sociales très importantes sur le territoire ; une crise économique, qui a commencé avec les phases de confinement."
Mais ce n’est pas seulement sur ces trois axes que la crise a pu être constatée. Pour le président-fondateur de l’IEC-IES, "c’est un phénomène qui a également été vécu individuellement, avec notamment des crises d’angoisse ou des actes d’incivilités, des situations conflictuelles au sein de la société".
"L’État est préparé à prendre en charge" n’importe quel type de crise, précise le maître de conférences. "La France dispose d’une cellule interministérielle de crises", indique Thomas Meszaros. Globalement, les structures de gestion de crises "s’organisent autour de quatre axes", précise-t-il : un pôle "diagnostic", un pôle "d’anticipation", "une cellule de décision" et "un volet communication". Dans le cadre de la pandémie, le gouvernement disposait également d’un outil supplémentaire : le conseil scientifique, mis en place pour "faciliter la prise de décision", selon le président-fondateur de l’IEC-IES.
Néanmoins, la théorie n’est pas toujours évidente à appliquer. Et en pratique, Thomas Meszaros pointe trois principaux défauts dans la gestion de crise du gouvernement français : "Une défaillance dans le mécanisme d’alerte, un manque de flexibilité et de créativité dans la gestion de crise et une communication qui n’a pas été claire et transparente, avec des injonctions contradictoires, notamment par rapport au port du masque." Des erreurs qui, selon le maître de conférences, peuvent avoir des conséquences sur les comportements sociaux.
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