Ce rapport intitulé "Mal-logement, mal logés", témoigne d’un décrochage des foyers les plus modestes. Ces derniers ne peuvent plus, selon le rapport, accéder à la propriété, et décrocheraient, par rapport au reste de la population. Aujourd'hui, plus de quatre millions de personnes sont encore mal logées en France. Un chiffre qui peine à diminuer au fil des années, malgré les efforts des associations et des pouvoirs publics.
Le rapport note toutefois des "évolutions positives" comme l'augmentation du nombre de logements (+1,1% par an entre 1996 et 2013) et de leur confort, ou le fait qu'un grand nombre de ménages ont pu enfin accéder à la propriété privée. Il n'en demeure pas moins que les foyers les plus modestes restent exclus de ce cercle vertueux.
En cause, les hausses de loyers successives qui ont été accompagnées d’une baisse des aides de l’Etat depuis le début des années 2000. "La politique publique en France est importante sur les questions de logement. Historiquement, il y a le monde HLM, les APL pour vous aider à payer votre loyer que vous soyez dans le parc privé ou le parc social. Et ce qui est très inquiétant, c’est que ces APL sont rognées assez régulièrement par les gouvernements depuis une dizaine d’années, et donc elles ont perdu un peu de leur pouvoir solvabilisateur" explique Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation Abbé Pierre.
Il ajoute que "ce qui nous a inquiété particulièrement ces derniers mois, ce sont les attaques plus fortes du gouvernement avec la baisse de cinq euros par mois et par ménage des APL, et puis surtout les coupes massives dans les APL des locataires du parc social, et qui sont payées in fine par les bailleurs sociaux. C’est une ponction d’environ 1,5 milliard d’euros chaque année, pour tous les bailleurs sociaux de France, avec sans doute des effets assez rapides sur la baisse de production du parc HLM, sur les capacités d’entretien, de rénovation urbaine, de prévention locative pour les bailleurs sociaux, et pour les locataires du parc social et pour tous ceux qui souhaiteraient y accéder". Pour rappel, deux millions de personnes en France sont toujours en attente d’un logement social.
Par ailleurs, 1% des ménages de France n’ont toujours pas de logement propre. "On a l’impression que l’ascenseur résidentiel que l’on a pu connaître par le passé, dans la génération précédente, s’est un peu grippé et que tout le monde n’a pas la chance d’être mieux logé que ses parents. On a même l’impression que le mal-logement peut se transmettre finalement avec le fait d’avoir été mal-logé dans son enfance, de partir avec moins de chance dans la vie. Ce qui handicape la réussite dans les études, la capacité à se soigner, à être en bonne santé et donc à se projeter dans la vie, et à être soi-même bien logé quand on devient adulte, ainsi qu’à loger ses enfants. Il y a donc une forme très inquiétante, dans le mal-logement des enfants" conclut Manuel Domergue.
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