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Mal-logement: pour la Fondation Abbé Pierre, les maires ont les moyens d'agir

RCF,  - Modifié le 7 février 2020
En France, quatre millions de personnes sont mal logées. Et plus de douze millions sont fragilisées par cette question de l’habitat.
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Il y a une semaine, la Fondation Abbé Pierre publiait son 25ème rapport annuel sur l’état du mal-logement en France. Un rapport qui pointe la responsabilité de l’État, le rôle des maires, et qui souligne en particulier la grande difficulté dans laquelle se trouve, dans notre pays, les personnes seules. Pour en parler, Stéphanie Gallet reçoit Christophe Robert, le délégué général de la Fondation Abbé Pierre.
 

En France, la contradiction du mal-logement

"Nous avons besoin de politiques structurelles. Dans les grandes villes, il y a une insuffisance de logements. Nous avons souvent des logements trop chers par rapport aux capacités financières des ménages. On a des charges qui ont flambé. On a des logements de mauvaise qualité dans certaines villes. On a des personnes seules en milieu rural qui n’appellent pas au secours et qui vivent dans des taudis. Et puis on a cette crise majeure avec ces personnes contraintes de dormir à la rue, malgré une augmentation du nombre de places d’hébergement" explique-t-il, dressant un tableau plutôt noir de la situation du mal-logement en France.

Cette crise du logement n’est pourtant pas identique à celle des années 2000, ou à celle de 1985. "Il y a des choses qui ont évolué. Ceux qui ont la chance d’avoir un logement ont un logement de meilleure qualité. C’est un point positif. Mais on a vécu quelque chose d’assez difficile au début des années 2000. Le prix de l’immobilier, des loyers, des charges, a flambé. Du coup, on se retrouve dans une espèce de contradiction : on est dans un pays riche et moderne pour la qualité des logements, mais pour tout un pan de la population, il n’y a pas chaussure à son pied" ajoute Christophe Robert.
 

Ne jamais s'habituer au mal-logement

"Nous sommes en train de nous habituer à cette situation, à considérer qu’avoir des personnes à la rue, c’est peut-être de leur faute etc. C’est quelque chose que nous a enseigné l’abbé Pierre : ne nous habituons jamais à ça. Quand vous discutez avec ces personnes, il y a un sentiment d’abandon, d’invisibilité qui fait froid dans le dos. C’est une question d’humanité, de dignité, qui appelle un sursaut collectif" lance le délégué général de la Fondation Abbé Pierre.

Pour ce dernier, "on ne peut pas dire que rien n’est fait. On augmente chaque année le nombre de places d’hébergement d’urgence. Mais ce n’est pas la réponse. Le logement est le levier de la reconstruction pour quelqu’un qui a connu des choses difficiles. La contradiction majeure est que le gouvernement nous dit qu’il veut faire du logement un levier de réinsertion mais simultanément, on coupe sur les APL, sur les aides à la production des logements sociaux. Tout cela est lié, c’est pourquoi nous sommes quelque peu en colère aujourd’hui".
 

Le pouvoir des maires

Dans son 25ème rapport, qui trouve un écho particulier à l’occasion des élections municipales, la Fondation Abbé Pierre explique qu’en matière de logement, quand les collectivités locales se mobilisent, cela fonctionne. Christophe Robert précise à ce sujet que les pouvoirs des maires sont très importants en la matière. Ils ont une certaine responsabilité lorsque l’on découvre des logements insalubres. Tout comme dans le domaine de la rénovation énergétique des logements.

Concernant l’action des maires, la Fondation Abbé Pierre est partagée. La prise de conscience semble là. "Dans les permanences des mairies, sept fois sur dix, quand les personnes viennent, c’est pour un problème de logements. Les maires savent" explique Christophe Robert. Après, tous les maires ne savent pas forcément comment agir. Sans compter parfois la mauvaise volonté, conclut le délégué général de la Fondation Abbé Pierre.

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