Le mot marché à lui-seul mériterait un livre. Quant au marché de l’art, il relance la réflexion sur le marché traditionnel au fruit des produits fermiers, c’est presque un mot composé. Enfin, le mot occupation, tout comme le mot marché, a pris bien des sens différents. Alors, clarifions !
En effet, le marché se rattache en fait à Mercure, dieu du commerce pour les Romains, à l’origine du latin mercatus, construit dans la famille rassemblée autour de merx, mercis, la marchandise. Lorsque le mot mercatus entre en français à la fin du Xe siècle il se dit marché, et désigne une réunion de commerçants. Ce n’est donc pas le participe passé du verbe marcher. Au reste, ce verbe vient d’un mot germanique, précisément le francique markôn, signifiant marquer, et plus spécifiquement marquer du pied, d’où le verbe marcher qui dès le XIIe siècle en français devient poser le pied sur quelque chose, avant d’arriver très vite au sens actuel. On peut donc marcher dans un marché, sans s’emmêler les pieds dans la même étymologie. Et pourquoi pas alors marcher dans un marché de l’art ? On trouve cette formule en novembre 1989 dans un quotidien qui cite Jack Lang souhaitant « donner à Paris la première place du marché de l’art ». Voilà qui suppose une définition des spécialistes : « marché de l’art : l’ensemble des transactions sur les objets d’art et les œuvres d’art entre les différents acteurs du commerce de l’art que sont les artistes, les marchands et antiquaires, galeries ou courtiers, les collectionneurs et amateurs ». Et de fait, il faut le rappeler, ce marché de l’art ne date pas d’hier.
Au début du XVIe siècle, de l’Italie à la Hollande s’installe un véritable marché, des œuvres d’art, mais aussi des artistes. Pas encore cependant de mercato, mot italien désignant le marché officiel des transferts de footballeurs. Travailler dans le marché de l’art est une occupation... justement voilà un mot synonyme du fait d’occuper un travail, et qui dès 1515 fut le fait de s’emparer d’un territoire. D’où de 1940 à 1944, hélas l’Occupation, avec une majuscule, de la France par les Allemands. Une France « mère des arts, des armes et des lois » s’exclamait Du Bellay, qui n’aurait pas imaginé l’occupation nazie. Ne jamais oublier la morale, c’est elle qui doit nous pré-occuper...
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