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Marie-Rose Moro: "le confinement, c'est le contraire du mouvement de l'adolescence"
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Marie-Rose Moro: "le confinement, c'est le contraire du mouvement de l'adolescence"

RCF,  -  Modifié le 24 avril 2020
39ème jour de confinement. Une période particulièrement délicate pour les adolescents.
Bayard Bayard

Une expérience assez douloureuse

Confiner des enfants n'est pas chose aisée. "Pour les adolescents, c'est très particulier. C'est exactement le contraire du mouvement de l'adolescence. À l'adolescence, on s'intéresse, on s'identifie au monde extérieur, on chercher des éléments, des valeurs, des amis, des relations, des expériences. Et tout s'arrête brutalement. On se retrouve face à face avec ses parents, sa famille. Plus de distance possible, le contrôle des parents, une sorte de quotidien où l'intimité est partagée tout le temps" explique Marie-Rose Moro, pédopsychiatre, directrice de la maison de Solenn, spécialiste des adolescents, auteur de "Grandir c'est croire" (éd.Bayard).

"C'est une expérience assez douloureuse pour les ados qui doivent essayer de trouver un espace personnel qui ne soit pas sous le regard des parents, dans leur chambre ou dans leur tête" ajoute la pédopsychiatre.
 

Des appels de parents inquiets

S'agissant de la question scolaire, le confinement demande "plus d'autonomie pour les adolescents". "L'adolescent doit avoir suffisamment de confiance en lui pour organiser son travail. C'est quelque chose qu'ils doivent apprendre à faire, même si là c'est fait brutalement. Beaucoup le font. Ce qui pose problème, ce sont ceux qui étaient en difficulté avant le confinement. Pour eux, c'est la double peine" ajoute-t-elle.

Marie-Rose Moro rappelle qu'il peut y avoir des conséquences. "Nous avons des appels de parents inquiets. Au début nous n'en avions pas. Ce que nous craignons le plus, ce ne sont pas les adolescents qui se mettent en colère, mais ceux qui se retirent dans leur chambre, mais surtout dans leur tête. Ceux qui perdent le lien, qui n'y arrivent plus, qui ruminent leurs idées tristes, angoissantes. Ils perdent la foi dans leur propre capacité à vivre, à faire des choses, à être contents. Ce sont ces situations de repli sur soi qui m'inquiètent le plus" lance-t-elle.
 

Quelles ressources pour surmonter cette période ?

Pourtant, les adolescents disposent de ressources pour surmonter cette épreuve. "Les ressources principales, ce sont celles à l'intérieur d'eux : ceux qui arrivent à maintenir une relation avec l'école, les amis, leur entourage. Là je vois le côté positif des réseaux sociaux. Ils peuvent compter sur les enseignants à distance qui prennent une place très importante. La famille ne peut pas être le seul espace d'échange pour eux. Pourtant les ressources familiales sont aussi importantes" analyse encore cette spécialiste des adolescents.

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