Martine Gilsoul raconte Maria Montessori, une vie au service de l’enfant

Pendant de nombreuses années, Martine Gilsoul a été enseignante, notamment à Schaerbeek en Belgique, où elle a travaillé avec des enfants issus de familles immigrées et de zones de conflit. Elle a rapidement constaté qu'il vlui manquait des outils pour répondre à leurs besoins spécifiques. C'est lors d'un séjour au Brésil, dans une favela, qu’elle a découvert la méthode Montessori. Elle a été impressionnée par la capacité de concentration des enfants et leur épanouissement lors d'activités manuelles. De retour en Italie où elle vit depuis 20 ans, Martine a approfondi ses connaissances sur cette méthode, notamment à travers le travail d'Helena Loubienska, une proche collaboratrice de Maria Montessori. Elle a suivi une formation pour les enfants de 0 à 6 ans et a dirigé une crèche Montessori en Italie. Actuellement, elle mène des recherches sur l'histoire de l'éducation à Rome grâce à une bourse gouvernementale italienne. Martine a co-écrit avec Charlotte Poussin un livre sur Maria Montessori, publié aux éditions Desclée de Brouwer sous le titre "Maria Montessori, une vie au service de l'enfant".

 

Une des premières femmes médecins en Italie

 

Maria Montessori, bien plus qu'une simple créatrice de la méthode éducative qui porte son nom, incarne une figure multifacette de la pensée novatrice du début du XXe siècle. Née en 1870 dans une Italie en pleine transformation, elle grandit dans un environnement familial progressiste, élevée par une mère engagée dans la lutte pour le progrès social. Dès lors, Maria Montessori se destine à la médecine, impressionnée par la vocation humaniste de cette profession, axée sur le soutien aux plus vulnérables de la société, en particulier les femmes et les enfants.

 

Devenue l'une des premières femmes médecins en Italie, Montessori se forge également une identité de féministe convaincue, consciente que l'amélioration de la société passe par l'éducation et l'émancipation des plus jeunes. Son expérience en tant que médecin lui permet d'observer de près les besoins et les potentialités des enfants, renforçant sa conviction que l'éducation doit favoriser le développement holistique de l'individu.

 

Révélation de l'âme humaine

 

Son travail ne se limite pas à la pédagogie : elle est une exploratrice intrépide, établissant des réseaux et fondant des écoles Montessori dans le monde entier, bien au-delà de sa patrie italienne. Cependant, elle se méfie de l'étiquette "méthode Montessori", préférant parler de "révélation de l'âme humaine". Pour elle, l'éducation ne consiste pas simplement à enseigner des connaissances académiques, mais à nourrir l'esprit et le cœur des enfants, en réponse à leurs besoins innés.

 

L'approche de Montessori découle de son expérience à San Lorenzo, un quartier délabré de Rome où elle a offert aux enfants un environnement propice à leur développement, loin des contraintes imposées par les adultes. Elle a constaté que la liberté et l'autonomie favorisent l'épanouissement de l'enfant, contrairement à l'intervention excessive des adultes qui entrave leur développement naturel.

 

Une foi catholique

 

L'influence philosophique et spirituelle de Montessori est tout aussi remarquable. Issue d'un contexte marqué par le positivisme, elle n'a jamais caché sa foi catholique, bien qu'elle ait également puisé dans d'autres traditions religieuses et philosophiques. Son regard éclairé par la science et sa profonde spiritualité lui ont permis de développer une approche unique de l'éducation, basée sur l'observation attentive des enfants et une compréhension profonde de leur nature humaine.

 

Son héritage s'étend au-delà des frontières géographiques et culturelles. Les écoles Montessori, fondées sur ses principes, ont eu un impact mondial, offrant aux enfants du monde entier une éducation respectueuse de leur individualité et de leur potentiel. Jusqu'à la fin de sa vie, Montessori est restée dévouée à sa mission, prête à répondre à l'appel de l'Afrique pour offrir son aide aux enfants dans le besoin. Son courage et sa détermination à défendre les droits des enfants ont marqué son parcours, malgré les défis et les revers qu'elle a rencontrés tout au long de sa vie. Elle incarne ainsi une véritable missionnaire de l'éducation, dont l'influence perdure encore aujourd'hui.

 

La nouvelle femme

 

Un film biographique sur Maria Montessori intitulé “La nouvelle femme” sort en avril 2024 sur les écrans. Réalisé par Léa Todorov, les rôles principaux sont joués par Jasmine Trinca, Leïla Bekhti et Rafaëlle Sonneville-Caby. En 1900, Lili d’Alengy, célèbre courtisane parisienne, dissimule un lourd secret - sa fille Tina, née avec un handicap. Récalcitrante à l'idée de prendre soin d'un enfant susceptible de compromettre sa carrière, elle prend la décision de quitter Paris pour Rome. C'est là qu'elle croise le chemin de Maria Montessori, une femme médecin pionnière dans le développement d'une méthode d'apprentissage novatrice pour les enfants alors considérés comme "déficients". Toutefois, Maria elle-même cache un secret : la naissance d'un enfant hors mariage. Ensemble, ces deux femmes vont s'entraider pour conquérir leur place dans un monde dominé par les hommes et marquer l'Histoire de leur empreinte.

https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=289562.html

https://www.advitamdistribution.com/films/la-nouvelle-femme/

 

Sources d’inspiration

 

L'inspiration de Martine vient de plusieurs sources, notamment des figures telles que Edith Stein, sainte Thérèse Bénédicte de la Croix, et des œuvres cinématographiques comme "Out of Africa". Elle partage son parcours de découverte de la méthode Montessori, son expérience en tant qu'enseignante dans des quartiers défavorisés en Belgique et dans une favela au Brésil. Elle évoque également sa passion pour la lecture, citant des auteurs comme Tolstoï, Ian McEwan et Sylvain Tesson. Son lieu d'inspiration est la Basilique Saint-Pierre à Rome, où elle trouve calme et réconfort près de la tombe de Jean-Paul II, une figure importante dans sa vie.