« C’est mathématique », disait souvent mon père à propos de telle ou telle affirmation. Et d’emblée, j’avais confusément l’impression que cette formule devait se vérifier par un raisonnement et des preuves. Mais encore faut-il s’entendre sur le mot « mathématique », et donc commencer par le définir. Programme vertigineux forcément. Qui passe par nos pesants dictionnaires, qui reflètent l’opinion de chaque époque.
Il faut déjà attendre qu’il soit mentionné dans nos dictionnaires et dans le Dictionnaire françois-latin, publié en 1539, premier à offrir une nomenclature en français, eh bien il est absent. Il apparaît cependant en 1606 dans le Thrésor de la langue françoise, mais il se réduit à citer Mathématique et mathématicien en en donnant la traduction latine. En revanche, en 1680, avec Richelet et son Dictionnaire françois, premier dictionnaire monolingue français-français, voici les définitions proposées : « Matematicien » orthographieée sans h, « celui qui fait les matématiques » avec un exemple valorisant : « Un fameux matématicien ». Et suit donc l’article « matématiques », toujours sans h mais avec un s : « Ce mot n’a point de singulier », commence-t-il par affirmer, avant de déclarer que « C’est une science qui enseigne les chose par de véritables démonstrations », définition suivie d’un exemple toujours aussi laudatif : « Les matématiques sont fort belles ». Mais dix ans plus tard, Furetière, dans son Dictionnaire universel nous offrira aussi un article pour « mathématique » mais au singulier.
Une définition plus précise : « Science qui s’attache à connoistre les quantités & les proportions. La quantité continue est l’objet de la Géométrie, de la Trigonométrie, des Sphériques, des Sections Coniques, de l’Algèbre spécieuse. La quantité discrète est l’objet de l’Arithmétique, de l’Algèbre commune. Les proportions font l’objet de la musique, de l’Architecture, de la perspective ». Bon, je n’ai pas tout perçu, mais j’ai compris qu’il faut beaucoup apprendre… En rappelant justement qu’à l’origine du mot « mathématique », il y a le grec manthano, « apprendre ». Voilà, c’est mathématique, comme disait mon père…
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