Construite à partir de 1968, la station d’épuration de Maxéville traite les eaux usées des vingt communes du Grand Nancy, ainsi qu’une partie des eaux usées des communes de Champigneulles, Frouard et Pompey. L’usine emploie aujourd’hui une trentaine de salariés. C’est la société SOVEM, filiale de Veolia, qui exploite le site. La station d’épuration a mis en œuvre un dispositif pour maîtriser les nuisances olfactives. C’est ce que nous explique sa directrice, Marina Dorier.
Quelles sont les différentes étapes dans la gestion des nuisances olfactives ?
C’est tout d’abord la réduction à la source. C’est-à-dire que nous avons couvert l’ensemble des ouvrages de l’usine. Nous avons mis en place des systèmes d'extraction, avec des conduits d’extraction, des ventilateurs, pour capter cet air vicié et l’envoyer sur des unités de traitement des odeurs. Nous en possédons cinq sur le site. C'est ce que l’on appelle des désodorisations. Nous effectuons notamment des désodorisations physico-chimiques. Concrètement, nous injectons des réactifs et de l’eau, afin d'avoir un air dépollué.
Comment se mesure une nuisance olfactive ?
Il existe des normes. Nous mesurons ce que l’on appelle des unités d’odeurs. C’est une mesure qui est faite en laboratoire. Sur nos désodorisations par exemple, nous faisons des prélèvements d’air vicié ou d’air traité. Le but est de pouvoir mesurer l’impact de l’odeur de ces airs-là. Nous essayons d’être sur zéro unité d’odeurs en extérieur de nos ouvrages, notamment en périphérie de l’usine. Il peut arriver qu’il y ait des dysfonctionnements liés à notre activité. Ils engendrent une pollution de l’air, ce que nous nous appliquons à limiter au maximum.
Comment se passe le processus de désodorisation ?
Nous utilisons différents processus sur le site. Nous avons des unités en fonction de la qualité de l’air capté. Nous avons des désodorisations physico-chimiques. C’est-à-dire que nous captons l’air pour le faire passer à travers des tours. Nous allons ensuite lui injecter des réactifs : acide, soude, javel. Nous avons aussi des bio-désodorisations. Nous développons une biologie adaptée pour traiter l’air. Nous avons également - en affinage ou en complément - du charbon actif en grains. Son rôle est d’absorber les molécules odorantes.
Que se passe-t-il en cas de dysfonctionnement ?
Nous avons un dispositif de capteurs répartis sur la périphérie de la station d'épuration. Nous avons placé plusieurs nez électroniques autour de l’usine, ainsi qu’une station météo. Ils nous permettent d’être alertés en cas de dépassement d’unités d’odeurs. Dans ce cas, nous recevons un mail et un sms, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Nous allons ensuite contrôler la fermeture de tous les ouvrages : les portes, les trappes, etc. Nous contrôlons également le bon fonctionnement de nos unités de désodorisation. Puis, nous remédions aux éventuels dysfonctionnements.
Avez-vous souvent des plaintes en termes de nuisances olfactives ?
Nous en avons beaucoup moins que par le passé, compte-tenu des investissements et des travaux qui ont été réalisés sur l’usine. En 2021, seules deux plaintes de riverains ont été enregistrées. Auparavant, l’usine était connue localement pour ses fortes nuisances olfactives. Le problème des odeurs est qu’elles sont dispersées en fonction des vents ou de la pression atmosphérique. Donc, elles pouvaient importuner au-delà de la commune de Maxéville.
Qu’est-ce qui est mis en place pour le confort des salariés ?
Tous nos agents sont sensibilisés aux odeurs. Lorsqu’ils constatent une anomalie en extérieur, ils sont les premiers alertés, puisqu’ils sont présents vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Le fait de couvrir les ouvrages induit une concentration des polluants à l’intérieur. Nous possédons tous des détecteurs quatre gaz pour assurer la sécurité des opérateurs au quotidien.
Les dysfonctionnements sont-ils réguliers ?
Nous avons évidemment des dysfonctionnements réguliers. Nous sommes une usine avec beaucoup d’équipements électromécaniques, des moteurs, des capteurs … La plupart sont doublés, ou alors nous avons du stock sur place. Avec des alertes appropriées, nous intervenons rapidement, le but étant que cela soit neutre pour l’extérieur de l’usine.
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