Le président de la République devrait annoncer une nouvelle étape sur le déconfinement. Une période qui mêle "prudence et impatience" pour Mgr Luc Ravel. "Nous pourrions nous interroger sur trois points : la différence entre le virtuel et le présentiel. Le deuxième point, c'est sur le fait de savoir ce que nous avons fait de notre liberté durant le confinement. Et le troisième point, malgré les vertus du confinement, il y a eu un message : nous sommes faits pour la société" explique l'archevêque de Strasbourg.
Pour l'Eglise, les leçons sont nombreuses. Mais il y en a une que retient particulièrement Mgr Ravel. "Nous aurons besoin collectivement de relire ce qui s'est passé, pour l'Eglise. Il y a eu une sorte d'oubli complet de la part de l'Etat, pour l'Eglise. Au mieux on a accepté nos propositions d'entraide sociale. C'est un oubli qui ne vient que ratifier une séparation de l'Eglise et de l'Etat, mais presque au bord de la maltraitance. Cet espèce d'oubli, il faudra l'enregistrer comme une sorte d'agacement mais de défi, pour reprendre contact" ajoute-t-il.
"Quand on vit une expérience inédite, cela fait ressortir en nous des blessures, des fragilités, mais aussi des choses remarquables. Cela a joué le rôle de révélateur. Révélateur de chrétiens plus identitaires, des tendances qui existent dans notre Eglise, et qui font partie de nos difficultés" lance-t-il, expliquant que le pasteur a comme devoir de garder l'ensemble uni. "Je n'aimerai pas que ces fragilités deviennent des occasions de scission" lance-t-il.
Durant cette période, nos libertés ont été largement remises en cause. Pour l'archevêque de Strasbourg, "notre liberté se heurte aujourd'hui aux idéologies. L'enjeu de la liberté en France, c'est un enjeu qui a besoin là aussi d'être relu, non pas seulement par l'Eglise, mais revisité par toutes les forces de la société. Je voudrais que l'on interroge ensemble cette histoire de liberté".
L'un des gros sujets de l'assemblée plénière des évêques, c'était la difficulté financière des diocèses. "C'est plurifactoriel. Il n'y a pas de baisse de la générosité des fidèles, mais une baisse du nombre de fidèles. C'est ce que l'on constate. Mais chaque chrétien est plus généreux. Il y a des questions structurelles, malgré les dons et les legs. Du coup, la trésorerie fond. Il y a eu aussi ce facteur du confinement. L'Eglise est une réalité concrète, matérielle, et ces trois mois quasiment sans aucun revenu nous mettent dans une situation financière douloureuse pour tous, voire tragique pour certains" rappelle Mgr Luc Ravel.
L'Eglise lance une campagne spéciale d'appel aux dons pour tenter de limiter la casse. "Nous savons depuis des années que nous pouvons compter sur la générosité des fidèles. Cela nous donnera une bouffée d'air frais" conclut-il.
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