Du 21 au 24 mars, le Théâtre de la Manufacture à Nancy s’est métamorphosé en une véritable « place de village » avec le festival Micropolis. Durant quatre jours, douze spectacles ont été présentés, tous conçus pour être joués en itinérance, hors des murs habituels du théâtre, dans une grande proximité avec le public. Pour sa troisième édition, Micropolis a mis en scène plusieurs thèmes : « la famille et ses turpitudes, la jeunesse, ses choix, ses doutes et ses errances, le travail et ses travailleurs, l’adolescence et ses cruautés, l’art et ses expérimentations, le théâtre et ses héritages ». Quelques heures avant le coup d'envoi des festivités, RCF a rencontré Ariane Lipp, directrice adjointe de la Manufacture.
Le thème de cette édition met en lumière des sujets variés tels que la famille, la jeunesse, le travail, l'adolescence et l'art. À travers ces différents thèmes, à qui s’adresse le festival ?
Nous nous adressons à un large public. Les spectacles sont adaptés pour différents âges et préférences. Par exemple, le spectacle « Les hamsters n'existent pas » convient à un public dès l'âge de huit ans, tandis que « Seuil », « La saga de Molière » ou « Le pain de la bouche » sont des productions familiales. L’idée est de s’adresser à tout le monde, et en particulier aux publics qui ne vont pas forcément au théâtre, puisque par la suite, les spectacles seront amenés à être diffusés dans les territoires où il n’y a pas de lieux théâtraux. Nous sommes donc sur des pièces très accessibles.
En quoi les spectacles de Micropolis sont-ils différents des représentations traditionnelles dans les théâtres ?
L’adresse. Micropolis accueille une communauté restreinte, avec des jauges allant de dix-huit à cent places, ce qui crée une proximité intense avec les artistes, parfois à seulement un ou deux mètres du public. Ce n’est jamais la distance qu’on peut retrouver dans une salle de spectacles. Donc cela change du lien traditionnel que l’on retrouve avec une salle noire, silencieuse et en dispositif frontal, c’est-à-dire quand le public est face à la scène. Micropolis ne propose pas beaucoup de pièces avec une disposition particulière. Le public peut être tout autour des artistes ou en tri-frontal.
Micropolis propose douze spectacles de théâtre, mais pas que. Parlez-nous des autres activités que vous organisez cette année.
Nous avons des ateliers. Tout d’abord, une rencontre est organisée entre artistes, universitaires et collectivités pour discuter du lien entre l'artiste et le territoire, dans le cadre de la décentralisation théâtrale que nous défendons. Il y a un atelier d’écriture collectif avec l’autrice Aurianne Abécassis. Nous proposons ensuite « L’atelier boulanger : Les Mains à la pâte, le pain au cœur » avec Cécile Piot, qui est boulangère. Le pain étant le sujet d’une pièce intitulée « Le pain de la bouche ».
Durant ce festival, nous inaugurons les podcasts « Quartiers libres » que nous développons depuis septembre 2021. Le concept se base sur le monde du travail, à travers les différents quartiers de la métropole, avec l’auteur Guillaume Cayet. Le premier « Quartiers libres » sera présenté en « balade au casque ». Le point de départ est l’hôpital central et nous rejoindrons le théâtre à pied grâce à cette proposition d’écoute en groupe.
Nous voulons que Micropolis soit un festival convivial, mettant en avant les lieux de rassemblement, d’échange, de rencontre et de partage. C'est pourquoi nous proposerons également un DJ set pour permettre à tous de faire la fête et de rencontrer différents publics.
Micropolis se veut être une « fête printanière » célébrant le théâtre qui nous rassemble. Pouvez-vous nous parler de l'atmosphère et de l'ambiance que vous espérez créer lors de cet événement ?
Il y a une scénographie des différents lieux, puisque nous serons dans différents endroits, tels que le Théâtre de la Manufacture ou encore la Maison de l'Architecture. Nous aurons une signalétique fléchée aux couleurs de Micropolis. Il y aura un point de restauration et de rencontre dans les jardins du théâtre. Le hall sera décoré différemment, et il y aura un espace en mezzanine appelé le « micro salon », qui permettra d'écouter les podcasts « Quartiers libres ». Ainsi, nous habillons le théâtre aux couleurs de Micropolis, qui sont les couleurs primaires.
L’idée de Micropolis est d’amener la culture en territoire rural, pouvez-vous nous rappeler les enjeux de ce festival ?
Quand Julia Vidit a été nommée à la direction de la Manufacture en janvier 2021, son projet comprenait un axe important qui était l’itinérance. L’itinérance consiste à sortir le théâtre de ses murs et à aller à la rencontre des habitants sur les territoires où ils résident. Il s'agit de territoires éloignés des lieux culturels, mais où existe une vie culturelle et associative très dynamique, bien qu'il n'y ait pas d'équipement dédié.
L'idée de cette itinérance était de diffuser des spectacles sur la métropole et le département, et de développer cet axe d’itinérance. Cela représente une activité assez intense. Rien que sur l’année 2023, sans festival Micropolis, nous avons réalisé 138 représentations sur les territoires. Ces représentations se déroulent dans des établissements scolaires, ainsi que dans des lieux ouverts au public : bibliothèques, centres sociaux, centres de Protection Maternelle et Infantile, salles des fêtes...
Notre objectif est de faire circuler ces spectacles et de permettre une rencontre avec les habitants des endroits où nous nous produisons. Micropolis représente en quelque sorte la vitrine de ce que nous faisons sur les territoires tout au long de l’année.
Quels sont les retours des années précédentes ?
Le public qui vient est assez diversifié et souvent très heureux de pouvoir enchaîner différents spectacles sur plusieurs jours, dans une ambiance festive. Nous avons travaillé sur une grille tarifaire très abordable pour faciliter la venue en famille. Nous proposons également de nombreuses activités en entrée libre.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !