Associations, ONG, simples particuliers. Ils sont nombreux ceux qui accompagnent les réfugiés dans leurs démarches pour trouver un travail, un logement, gérer les questions administratives, faire leurs papiers, apprendre la langue et les codes de la culture française.
Brigitte Tregouët est médecin généraliste. Elle reçoit depuis des années dans son cabinet des personnes migrantes. Ce docteur a publié en début d’année un livre témoignage sur son expérience auprès des migrants, intitulé : "Qui sont ces migrants qui débarquent dans notre petite ville ?" (éd. MédiasPaul).
Une question d’autant plus intéressante que le cabinet de Brigitte Tregouët ne se trouve pas dans une grande ville, ou en périphérie d’une mégapole, mais dans une petite ville de Vendée, La Roche-sur-Yon. "Le gouvernement a voulu répartir les demandeurs d’asile sur le territoire. C’est une bonne chose, car on a peur de ce qu’on ne connait pas. Au cabinet, j’ai reçu 500 demandeurs d’asile" explique-t-elle.
"Dans mon cabinet, il y avait toujours une petite part pour les personnes très marquées par l’existence : les femmes maltraitées, les sans-abris, les personnes alcooliques. Ce sont les mêmes associations territoriales qui ont accueilli les premiers migrants. Elles se sont tournées vers moi et cela s’est fait tout seul" ajoute-t-elle.
Le docteur Tregouët confie à ce sujet que les migrants qu’elle reçoit viennent chercher plusieurs choses. Des soins ordinaires, bien évidemment. Mais pas seulement. "Ils viennent chercher aussi des soins pour des traumatismes qu’ils ont vécus, car il y a des traumatismes psychiques énormes quand on a été persécuté dans son propre pays" lance-t-elle. Pourtant, il n’est pas évident pour eux de se livrer.
"Il faut s’apprivoiser, tisse la confiance. Il y a la barrière de la langue, de la culture. Il faut faire un petit pas vers la culture de l’autre, s’intéresser un peu à la géopolitique de leur pays. Et quand les gens comprennent que l’on s’intéresse à leur pays, à la nostalgie qu’ils ont d’avoir perdu le pays de leur enfance, il y a une confiance qui se fait, et qui est extrêmement intense. C’est un lien bouleversant" précise le docteur.
Aujourd’hui, Brigitte Tregouët enseigne la médecine dite transculturelle aux étudiants. "Par définition, un soin est dit transculturel quand la culture du soignant n’est pas la culture du soigné. Cela peut engendrer des malentendus. C’est particulièrement vrai pour tout ce qui touche à l’intime. Mais c’est aussi vrai pour la psychiatrie. Les chagrins se disent dans une culture, la pudeur est codée" précise-t-elle.
L’accueil des migrants fait aujourd’hui débat en France. "Il y a une petite frange de gens haineux, je le dis comme ça. Il y a des haineux professionnels. Il y a des gens qui sont angoissés, et on peut comprendre cette angoisse. Toutes les angoisses se dénouent par la rencontre. Quand on organise des rencontres, on a un très bon accueil. Il faut créer du lien, c’est urgent" conclut le médecin, catholique pratiquante.
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